Le 11 mai prochain à Marrakech, grande première dans le continent, où, une fois de plus, le rôle majeur que joue le Maroc dans la lutte contre le terrorisme, à l’échelle non seulement nationale et continentale, mais également mondiale, sera consacré. Les membres de la Coalition mondiale contre Daech doivent s'y réunir: en tout, plus 80 pays et organisations internationales, qui continuent d’agir par des moyens aussi bien militaires et financiers que liés aux renseignements et à la contre-propagande.
Une réunion cruciale pour cette organisation, créée en 2014, avec pour objectif de mettre un terme au projet terroriste de Daech, qui contrôlait à cette époque un territoire de plus de 110.000 km2 entre l’Irak et la Syrie. Depuis, la coalition a bien grandi et développé une expérience inter-opérationnelle unique dans la lutte contre le terrorisme structurée.
La réunion de Marrakech sera présidée par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Elle verra la participation de représentants de l’ensemble des 80 pays et organisations membres de cette coalition. Y sont ainsi attendues des personnalités de premier rang, telles que les chefs de la diplomatie des grandes puissances de ce monde, mais aussi de pays d'Afrique, ainsi que les représentants d’institutions internationales actives dans le combat contre Daech en particulier, et le terrorisme en général. Et pour cause, si Daech a beaucoup perdu de sa puissance et de son influence, l'organisation terroriste n’en demeure pas moins une menace constante qui, plus est, change de formes comme de cibles.
«Nous avons certes enregistré de grands succès contre Daech en Syrie et en Irak, mais la guerre est loin d’être gagnée. Nous assistons, au contraire, à un redéploiement de Daech, notamment en Afrique», prévient une source proche du dossier, interrogée par Le360.
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A la naissance de la Coalition, l’organisation terroriste Etat islamique agissait non en commettant des attentats, mais en contrôlant des territoires, avec leurs ressources naturelles et leurs populations. Elle a même constitué un califat comme ce fut le cas quand Daech a imposé sa mainmise sur un large territoire entre l’Irak et la Syrie, et érigé un certain Al-Baghdadi comme calife. Cet «Etat» a été dissous depuis, mais est-ce la fin de Daech?
C'est bien peu probable, et c’est d'ailleurs ce que le Maroc n'a eu de cesse de répéter, affirme notre source. L’organisation terroriste s’est en effet redéployée sur le continent africain. En attestent les attaques terroristes de ces trois dernières années. Entre les tensions dans certains Etats comme la Libye, la situation de guerre au Sahel et les rivalités ethniques dans certains pays, instrumentalisées et exacerbées au nom du jihadisme, il est à craindre que le continent africain ne devienne désormais le nouveau foyer de repli et d’expansion de Daech.
Pour la seule année 2017, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita qui en faisait d'ailleurs déjà état lors de la réunion régionale des directeurs politiques de la Coalition, en mai 2018 à Skhirat, ce sont, en tout, près de 343 attentats terroristes qui ont ont été recensés en Afrique. Ils ont entraîné la mort d'au moins 2.600 personnes, soit 22 fois plus de victimes qu'en Europe.
Partant de ce constat, le Maroc a dès lors milité pour une réorientation du viseur et de l’action de la Coalition mondiale contre Daech vers le continent africain. L’année dernière, lors de la réunion ministérielle de la coalition anti-Daech à Rome, Nasser Bourita avait à maintes reprises, souligné cet impératif. La réunion de Rome visait surtout à montrer l'unité des Etats et des organisations membres de la coalition et à souligner que la lutte contre Daech devait continuer jusqu'à son élimination définitive. La situation sécuritaire au Sahel y était notamment largement abordée.
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Les alertes lancées par le Royaume sur le redéploiement de Daech sur le continent africain ont visiblement trouvé une écoute attentive. La réunion de Marrakech sera, à ce titre, consacrée en grande partie au continent. «Ce sera une réunion presqu’africaine et une des sessions les plus attendues sera dédiée à l’Afrique et sera d’ailleurs conjointement modérée par Bourita et le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken», affirme cette source sous couvert d’anonymat. C’est dire.
La focalisation sur l’Afrique de la Coalition mondiale contre Daech sera naturellement accompagnée par la présence à Marrakech de nombreux ministres de pays du continent. «Ce sera l’occasion idoine d’étudier les pistes pour savoir comment la coalition, avec son expérience et ses moyens, peut aider les pays africains à faire face au terrorisme de groupes se réclamant de Daech. C’est là l’un des objectifs de la rencontre», indique ce même interlocuteur.
Les ambitions assignées à la rencontre de Marrakech sont à la hauteur des défis auxquels est confronté le continent africain. Si des Etats aussi forts et organisés dans le passé, comme l’ont été l’Irak et la Syrie, ont cédé comme des châteaux de cartes devant le rouleau compresseur de l’internationale terroriste, que dire de certains pays africains qui, par leur fragilité, constituent un terrain propice pour que Daech se déploie confortablement? Au vu de la multiplication de ces menaces, qui ne resteront pas confinées au seul continent africain, il était temps que le monde libre empêche l’internationale terroriste de prospérer dans son nouveau territoire de prédilection.