Algérie: le régime militaire réprime à tour de bras

Des manifestants du Hirak à Alger. . DR

Revue de presseLa junte militaire continue de restreindre les libertés fondamentales en Algérie. Pour légitimer ses abus, le régime a recours à l’arme judiciaire, en modifiant des lois pour emprisonner des journalistes et des activistes. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 23/08/2023 à 18h21

Peu soucieux des critiques qui lui sont adressées par des ONG du pays et des organisations internationales de défense des droits de l’homme, les dirigeants algériens continuent d’imposer à la population des restrictions croissantes aux libertés fondamentales.

Le parquet de Constantine a ainsi requis, mardi dernier, une peine de trois ans de prison ferme contre le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah et le journaliste Mustapha Benjamaa, incarcérés depuis plus de six mois.

Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) indique que les deux prévenus sont poursuivis pour la «publication de données et de documents classés confidentiels, entièrement ou partiellement, sur un réseau électronique ou sur d’autres médias électroniques».

Leur avocat Kouceila Zerguine a indiqué sur sa page Facebook que Raouf Farrah est également poursuivi pour la «réception de fonds émanant d’institutions étrangères ou locales dans l’intention de commettre des actes pouvant porter atteinte à l’ordre public».

Son père, Sebti Farah, âgé de 67 ans, qui a été libéré avoir passé 61 journées derrière les barreaux, est poursuivi pour le même chef d’accusation, relaie Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 24 août.

Chercheur et analyste au sein de l’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale (GI-TOC), Raouf Farrah avait été arrêté le 14 février dernier au domicile de ses parents, à Annaba.

Quant à Mustapha Benjamaa, il est le rédacteur en chef d’un journal, Le Provincial, dont la rédaction se trouve à Annaba. Mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires, il avait participé, en 2019, au mouvement de contestation populaire du Hirak, où il réclamait la démocratisation du pays.

Selon Al Ahdath Al Maghribia, Mustapha Benjamaa avait été arrêté le 8 février dernier dans son lieu de travail, et avait par la suite été accusé d’avoir aidé l’activiste politique franco-algérienne Amira Bouraoui, qui avait fui l’Algérie par la frontière qui sépare ce pays de la Tunisie, d’où elle s’était rendue en France.

Les dirigeants algériens sont fortement critiqués, aussi bien dans leur pays qu’à l’étranger, à cause des graves violations des droits de l’homme commises, de la poursuite de la répression, ainsi que d’actes d’intimidation dirigés contre des activistes et des journalistes qui exercent leur mission au nom de la liberté d’expression.

L’Observatoire international de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme de Genève (OSPDH) indique que malgré les inquiétudes exprimées par des militants et la communauté internationale, «les autorités algériennes continuent d’exposer les citoyens désireux de pratiquer leur droit à la liberté d’expression, le rassemblement pacifique et la constitution d’associations, à des poursuites judiciaires à travers le recours à l’arme judiciaire».

L’OSPDH condamne la répression et les restrictions des libertés fondamentales en Algérie, qui se poursuivent à travers des modifications des lois pénales, ainsi que ceux de plusieurs décrets et textes juridiques, dans le but de rendre ces abus légitimes, tout particulièrement en élargissant le champ de la caractérisation des crimes qualifiés de «terroristes».

Par Hassan Benadad
Le 23/08/2023 à 18h21