L’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane avait fait de la libéralisation du secteur des carburants son cheval de bataille pour des raisons aussi économiques que politiques. A vrai dire ses motivations était plutôt partisanes, car il avait promis d’allouer les économies réalisées par la caisse de compensation aux familles les plus démunies.
Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, car l’entrée en vigueur de la réglementation des prix des carburants en 2015 a plutôt compliqué le problème de ce secteur au lieu de le fluidifier. D’autant que les plus-values de la caisse de compensation n’ont aucunement profité aux couches les plus précaires de la société comme le clamait Benkirane.
De l’avis même du Conseil de la concurrence, cette libéralisation a été mal préparée. Elle a été réalisée au moment où le Maroc allait être privé de la seule raffinerie (la SAMIR) dont il disposait et qui avait depuis 1962 maintenu les équilibres concurrentiels. Une année après, les sociétés pétrolières ont été accusées de faire des bénéfices colossaux en appliquant des prix qui ne correspondaient pas à ceux pratiqués sur les marchés internationaux. La CDT avait alors saisi le conseil de la concurrence de ce dossier accusant les opérateurs d’entente illicite sur les prix.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 17 juillet, que les sociétés pétrolières ont eu recours à la justice. Mais la cour d’appel de Rabat avait réorienté ce dossier vers le Conseil de la concurrence qui venait à peine de sortir d’une grande hibernation. Entre temps, le dossier a été débattu dans l’opinion publique avant qu’il n’arrive au Parlement où une commission d’enquête fut constituée pour démêler le vrai du faux.
Au moment où des sociétés comme Afriquia, Danone et Sidi Ali ont fait l’objet d’une campagne de boycott incompréhensible, le président de la commission d’enquête, le PJDiste Abdallah Bouanou, est sorti de son silence pour révéler que les sociétés de distribution de carburants ont réalisé des bénéfices considérables entre 2016 et 2017. Le Conseil de la concurrence dirigé par un nouveau président en l’occurrence Driss Guerraoui a fini par reprendre le dossier en main en se concertant avec tous les opérateurs de ce secteur ainsi qu’avec tous les syndicats.
Sauf que suite à cette réunion, une information a fuité accusant, encore une fois, les membres du groupement des pétroliers de collecter, échanger et diffuser des informations sensibles entre eux. Ce qui est encore plus étonnant, c’est que le gendarme de la concurrence n’avait pas hésité à infliger une amende de 4 millions de dirhams à cette corporation sans disposer de preuves palpables.
D’autant que parmi ce groupement se trouvent des sociétés internationales et que cette institution ne devrait trancher sur ce sujet que le 21 juillet courant lors d’une séance plénière. Une image qui ne sert pas le Maroc en ces moments de crise économique aiguë où l’on doit encourager l’investissement en respectant la loi et non pas laisser l’esprit partisan, tordu, pervertir l’économie.