Violences contre les supporters marocains: le procès de sept membres de l'ultradroite débute à Paris

Des manifestants font face à la police française et filment les agents avec des téléphones portables.

Des manifestants font face à la police française et filment les agents avec des téléphones portables. . DR

Le procès de sept individus proches de l’ultradroite s’ouvre vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Soupçonnés de s’être réunis pour s’en prendre aux supporters marocains à l’issue du match France-Maroc, lors de la Coupe du monde, ils encourent notamment un an de prison.

Le 13/01/2023 à 12h17

Le match de demi-finale de la Coupe du monde qui opposait, au Qatar, le Maroc à la France, a donné lieu suite à la victoire des Bleus à des scènes de violences aux quatre coins de l’Hexagone.

Coups, insultes, slogans racistes sur fond d’échauffourées entre des centaines de militants d’ultradroite venus en découdre le soir du 14 décembre avec les supporters de l’équipe nationale du Maroc, ont entaché la victoire de l’équipe de France à Paris ou encore à Lyon. Ces incidents, qui ont été qualifiés par la gauche de «ratonnades» et de «chasse aux Arabes», ont depuis été associés à un caractère profondément raciste.

Le procès qui débute ce jour concerne un groupe interpellé à Paris. Âgés de 17 à 36 ans, révèle France 24, ces individus ont attiré ce soir-là l’attention des policiers alors qu’ils se trouvaient à la sortie d’un bar du 17e arrondissement, les visages dissimulés sous des cagoules. Les fouilles réalisées sur eux ont permis aux policiers de saisir des matraques, des gants coqués et des bombes lacrymogènes, et de placer en garde à vue trente-huit personnes au total.

Parmi celles-ci, sept personnes proches de l’ultradroite, soupçonnées de s’être réunies ce soir-là pour s’en prendre aux supporters marocains, comparaissent aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Paris dans le cadre d’un procès pour «port d’armes prohibées» et «groupement en vue de commettre des violences et des dégradations», à l’issue duquel ils encourent une peine d’un an d’emprisonnement et une amende de 15.000 euros.

Parmi ces jeunes hommes nés entre 1999 et 2002, placés sous contrôle judiciaire et qui sont étudiants, intérimaires ou agent immobilier, une personne en particulier se démarque. Il s’agit de Marc de Cacqueray-Valmenier, ex-responsable des Zouaves Paris, un groupuscule néonazi créé en 2018 par d'anciens adhérents du GUD –le Groupe union défense, une organisation étudiante d'extrême droite– et d'anciens hooligans, révèle le média français.

L’homme n’est pas inconnu de la justice. Fiché «S», âgé de 24 ans à peine, il s’impose déjà comme une figure majeure de l’ultradroite française et défend le principe de la supériorité de la race blanche. Issu d’une famille d’aristocrates catholiques et traditionalistes, Marc de Cacqueray-Valmenier a déjà été condamné à plusieurs mois de prison avec sursis pour des violences commises lors d’une manifestation des Gilets jaunes le 1er décembre 2018, avant d’être incarcéré pour avoir violé à plusieurs reprises son contrôle judiciaire. Plus récemment, en janvier 2022, il avait écopé d'un an de prison pour l'attaque d'un bar à Paris connu pour être un lieu de rassemblement de militants antifascistes.

Dans le cadre du procès qui s'ouvre ce 13 janvier, la procureure estime que c'est à son initiative que s'est réuni le groupe de personnes interpellées à Paris, après que celui-ci leur ait envoyé un message «pour les inviter à défendre le drapeau contre les Marocains».

Alors que s’ouvre ce procès très attendu, Thomas Portes, député de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et président de l'Observatoire national de l'extrême droite, a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire après les incidents de France-Maroc.

«Il est important que ces procès fassent la lumière sur la manière dont ces individus ont organisé cette violence qui était préméditée et annoncée», déclare-t-il, tout en pointant du doigt la responsabilité de certains responsables politiques d’extrême droite et médias «qui, pendant une semaine avant France-Maroc, ont préparé tous les jours les esprits en annonçant des incidents».

Par Zineb Ibnouzahir
Le 13/01/2023 à 12h17