Vidéos. Des milliers d’algériens manifestent en France contre un 5e mandat de Bouteflika

A Alger, comme à Paris, les Algériens ne veulent pas d'un 5e mandat pour Bouteflika. 

A Alger, comme à Paris, les Algériens ne veulent pas d'un 5e mandat pour Bouteflika.  . DR

"4 + 1 = 0. Dégage": des milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté dimanche dans plusieurs villes de France contre la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat en Algérie.

Le 10/03/2019 à 17h21

Souvent revêtus de drapeaux algériens, environ deux mille manifestants, réunis sur la place de la République, dans le centre de Paris, scandaient "Pouvoir assassin" ou "Système dégage" dans une atmosphère bon enfant, faite de youyous des femmes et de stands à merguez et brochettes.

"Mettons le FLN au musée", "un seul héros, le peuple", "pour une rupture radicale avec le système", pouvait-on lire sur les banderoles et pancartes, certaines portées sur la statue de la République.

L'opposant et homme d'affaires algérien Rachid Nekkaz, qui a tenté d'être candidat à l'élection présidentielle en Algérie, a fait une courte apparition en fin de manifestation, porté par des partisans.

"On n'a jamais vu autant de mobilisation en Algérie. C'est très positif", a-t-il déclaré à l'AFP. M. Nekkaz, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée car il a possédé la nationalité française avant d'y renoncer, a présenté à sa place son cousin, qui vit en Algérie et possède les mêmes nom et prénom. "Son dossier est parfait. Ils n'ont aucune raison de l'invalider", assure M. Nekkaz.

L'homme d'affaires était de retour de Genève où il avait été arrêté après avoir fait irruption dans l'hôpital où était soigné le président Abdelaziz Bouteflika.

A Marseille (sud-est), un millier d'Algériens et de Français d'origine algérienne ont également manifesté. "La lumière est au bout du tunnel: l'élection ne pourra pas avoir lieu. Un gouvernement provisoire sera mis en place pour organiser un scrutin vraiment démocratique", estime Kader, 49 ans, drapeau algérien sur les épaules.

Exigeant "une 2e République pour mettre fin à la royauté du régime algérien en place", ces Algériens ou Français d'origine algérienne résumaient la situation en une équation: "4 + 1 = 0. Dégage", griffonnée au feutre sur un bout de carton.

Les manifestants ont été bloqués par les forces de l'ordre non loin du consulat d'Algérie à Marseille, faisant fuser des "Macron complice, la France soutien d'un pouvoir assassin".

"Le 5e mandat de Bouteflika, c'est juste la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les gens sont sortis (dans la rue) à cause d'années de marasme social, d'austérité. Et ils sont en train de briser la peur", résume Abderrahim, la trentaine, manifestant à Bordeaux (sud-ouest) avec quelque 300 autres personnes.

L'annonce mi-février d'une candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et très affaibli par un AVC survenu en 2013, a engendré un mouvement de contestation inédit en Algérie. Vendredi, des centaines de milliers d'Algériens sont descendus dans les rues des grandes villes.

"On a eu très, très peur que ça dérape mais le mouvement est incroyablement mature et il déjoue les provocations", s'est félicité Omar Kezouit, un des coordonnateurs de la manifestation parisienne. "Le régime n'est pas prêt à lâcher le pouvoir mais il n'est pas prêt non plus à retourner au bain de sang", ajoute ce militant de l'association "Agir pour le changement et la démocratie en Algérie".

760.000 immigrés algériens vivent en France, selon l'Institut national français de la statistique (Insee). Ils sont 1,7 million si on y ajoute leurs enfants nés en France.

Le 10/03/2019 à 17h21