Huit pays, dont la France et l’Italie, ont exprimé lundi leur opposition au durcissement des normes de pollution automobiles dans l’UE proposé par Bruxelles, jugeant qu’il risquait de freiner les investissements des constructeurs dans les véhicules électriques.
L’UE a acté récemment la fin des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035, au profit des véhicules 100% électriques. Il s’agit de réduire à zéro les émissions automobiles de CO2 pour contribuer à l’objectif de neutralité carbone du continent à l’horizon 2050.
Sur le volet pollution, la Commission européenne a présenté en novembre ses propositions pour la nouvelle norme, baptisée Euro 7, qui devrait s’appliquer à tous les véhicules particuliers à partir de 2025 quelle que soit leur motorisation, afin de réduire la pollution de l’air liée au transport routier responsable de 70.000 décès chaque année dans l’UE.
Importante filière automobile
«Nous nous opposons à toute nouvelle règle sur les gaz d’échappement (y compris de nouvelles obligations sur les conditions de tests ou de nouvelles limites d’émissions) pour les voitures et les utilitaires légers», ont écrit dans un document de travail les États opposés à ce texte, dont la France et l’Italie qui abritent une importante filière automobile.
«Ces nouvelles règles freineraient les investissements nécessaires de l’industrie dans la transition vers le zéro émission», estiment ces pays qui incluent aussi la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie. Ils jugent aussi l’échéance de 2025 trop rapprochée.
L’Allemagne, de loin la première puissance automobile européenne, n’a pas signé le texte, mais elle s’est inquiétée à plusieurs reprises de l’impact du durcissement des normes pour ses entreprises. Le gouvernement de coalition peine à trouver une ligne commune entre sociaux-démocrates, libéraux et Verts.
Selon les calculs de l’exécutif européen, la norme Euro 7 permettrait notamment de réduire de 35% les émissions d’oxydes d’azote (NOx) des voitures particulières et utilitaires légers et de 56% celles des bus et camions d’ici à 2035, par rapport à la norme précédente Euro 6.
Investissements dans le 100% électrique
Mais la nouvelle norme est contestée par l’industrie automobile qui juge son bénéfice environnemental limité par rapport à son coût. Confrontée à des investissements massifs pour développer leur nouvelle gamme électrique face à la redoutable concurrence des constructeurs chinois, elle veut éviter des investissements additionnels dans les motorisations thermiques vouées à disparaître.
Le durcissement proposé par la Commission était pourtant jugé insuffisant par les défenseurs de l’environnement qui accusaient déjà Bruxelles de céder au lobby automobile.
La Commission a notamment proposé de modifier les conditions de tests d’émissions de gaz polluant des véhicules pour les rendre plus conformes aux conditions réelles de conduite, mais sans modifier les seuils imposés aux voitures essence et en abaissant seulement légèrement ceux des véhicules diesel.
Ces seuils seraient toutefois significativement réduits pour les poids lourds, un autre point contesté lundi par les huit pays signataires qui jugent ces objectifs «trop ambitieux». Les Etats membres de l’UE, très divisés sur le sujet, doivent tenter de trouver une position commune, avant des négociations qui s’annoncent très compliquées avec le Parlement européen.