Le samedi 22 janvier 2022, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, affirmait, au sujet de la date du prochain sommet arabe, que «le président de la république (Abdelmadjid Tebboune) compte proposer une date alliant la symbolique nationale historique et la dimension arabe, une date qui consacre les valeurs de la lutte commune et de la solidarité arabe». Le360 avait dévoilé dans un précédent article «la date symbolique», voulue par le régime algérien.
La junte a en effet proposé le mois de novembre 2022 pour abriter le sommet arabe, date que Tebboune avait fixé auparavant à mars prochain, avant son report sine die par la Ligue arabe.
Le 1er novembre 1954 marque en effet le début du soulèvement des nationalistes algériens contre la présence française. Selon les médias algériens, cette date commémore le déclenchement de la guerre de libération nationale contre le joug colonial français.
Ce dimanche 30 janvier, et à l’issue de la participation de Lamamra aux travaux de la réunion de concertation des ministres arabes des Affaires étrangères tenue au Koweït ce week-end, un communiqué du MAE algérien, rapporté par l’APS, revient à nouveau sur le sommet arabe que l’Algérie a toutes les difficultés du monde à organiser.
Il y est écrit que «le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra a informé, dimanche, ses homologues arabes des préparatifs en cours du sommet arabe prévu cette année à Alger, et des efforts de l'Algérie visant à réunir les conditions idoines pour assurer le succès du sommet».
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Or, lors de la conférence de presse conjointe, tenue dimanche 30 janvier 2022, entre le chef de la diplomatie koweïtienne, Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Ahmed Al-Jaber Al-Sabah, président en exercice du conseil ministériel de la Ligue arabe, et Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, on apprend que Lamamra a proposé à ses homologues une date précise pour la tenue de l’hypothétique sommet arabe à Alger.
Hypothétique, parce qu’en répondant à la question d’une journaliste libanaise pour savoir si cette date a été précisément fixée et si la Syrie sera présente au prochain sommet arabe, Ahmed Aboul Gheit, lui-même ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, n’a pas manqué de tacler sévèrement le chef de la diplomatie algérienne.
Selon lui, «le ministre algérien» a bien proposé, ce week-end encore, «une date précise, fixée par les autorités algériennes, pour la tenue du sommet arabe à Alger. Je ne suis pas là pour vous divulguer cette date proposée, mais je conseille aux médias arabes et algériens d’aller eux-mêmes demander des explications à ce sujet au ministre algérien.»
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D’ailleurs pour montrer le peu d’intérêt que la Ligue arabe accorde aux manœuvres algériennes, Ahmed Aboul Gheit, qui a évité deux fois de citer le nom de Lamamra en se contentant de le qualifier de «ministre algérien», a ajouté que jusqu’à présent, «aucun ordre du jour n’a été fixé pour les travaux du prochain sommet arabe». En somme, même les rudiments du sommet de la Ligue arabe, qui est devenu un enjeu capital pour la junte algérienne, ne sont pas encore établis.
Après cette intervention du secrétaire général de la Ligue arabe qui l’a complètement pris à contre-pied, Ramtane Lamamra a tenté de se sortir de ce pétrin en rétropédalant à nouveau concernant la date du sommet arabe. Ainsi dans son communiqué de ce dimanche, il nie indirectement avoir proposé une date: «la date de la tenue du sommet qui sera fixée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, au terme des consultations en cours avec les pays arabes frères, sera annoncée lors de la réunion ministérielle officielle prévue en mars prochain au Caire».
Le chef de la diplomatie algérienne a fait donc l’impasse sur le fait qu’il a proposé une date à ses homologues arabes. Une date dûment fixée par la junte, comme l’a affirmé le secrétaire général de la Ligue arabe. Pourquoi Lamamra ment en affirmant que la date sera ultérieurement fixée par Tebboune en consultations avec les pays arabes? Est-ce que la fameuse «date alliant la symbolique nationale historique et la dimension arabe» n’a pas suscité d’enthousiasme parmi les Etats membres de la Ligue arabe?
En tout cas, les propos du secrétaire général de la Ligue arabe, dans une conférence de presse, sonnent comme un énième désaveu pour un régime qui vend des slogans creux alors qu’il mène une politique d’hostilité systématique contre son voisin de l’Ouest… Et membre très influent de la Ligue arabe.