Au cours d’une récente réunion avec les walis algériens, Abdelmadjid Tebboune, drapé de l’improbable vertu des bonimenteurs, a occulté les inextricables problèmes domestiques de son bled, pour parler du Timor Est.
Celui qui est connu aussi sous le sobriquet de «Kedboune» s’est projeté à 13.500 km d’Alger, entre l’océan Pacifique et l’océan Indien, pour finalement bifurquer vers le Sahara marocain –une obsession qu’il partage avec ses parrains en uniforme.
Le Timor Est, qui compte environ 1,5 million d’habitants, se trouve dans la partie orientale de l’île du même nom. Ce pays a été enfanté en 1999 par référendum. Il est exploité par les généraux algériens comme une référence pour un pseudo-règlement du confit régional et artificiel qu’ils ont provoqué autour du Sahara marocain.
Les termes de la comparaison avec le Timor Est ne résistent pas à l’examen. Mais ce subterfuge est conforme aux tromperies de la junte pour fourguer sa camelote polisarienne.
Le Timor Est, une terre chrétienne
L’île de Timor fait partie de l’archipel indonésien composé de 13.677 îles, dont près de 900 sont habitées. Sa population, à majorité musulmane, est de 270 millions d’habitants. Pendant près de 350 ans, la Hollande a contrôlé ce pays. Son indépendance a été proclamée en 1945.
Parmi ces îles, figure celle de Timor, qui est partagée en deux. Sa partie ouest est musulmane, elle fait toujours partie de l’Indonésie. Elle vit dans la quiétude et la prospérité. On y parle le bahasa indonesia et le néerlandais.
Lire aussi : Le président algérien affirme qu’il ne lâchera pas «le Sahara occidental quel qu’en soit le prix»
Par contre, la partie est (Timor Oriental ou Timor Leste) –celle qui est chérie par les généraux algériens– est de confession catholique et protestante. Contrairement à la partie ouest, le Timor Oriental a fait l’objet d’une profonde christianisation suite à une présence coloniale portugaise de près de quatre siècles.
Sa culture initiale a été assimilée par celle du Portugal et l’Eglise y est très forte. Les noms de famille des Timorais de l’Est sont portugais. Le Portugal l’a évacué en 1975, dans un contexte de revendication indonésienne aspirant à unifier tout l’archipel.
La majorité chrétienne ne voulait pas rejoindre l’Indonésie, qui a eu des difficultés à faire valoir sa position. En fait, plusieurs siècles de forte présence missionnaire portugaise au Timor Est ont placé cette partie de l’île dans l’altérité par rapport à l’Indonésie sur les plans religieux, linguistique, social et culturel.
Suite à des violences des deux côtés, l’opinion publique occidentale, menée par l’ex-colonisateur portugais, a développé une sympathie pour les populations du Timor Est. Elles ont été présentées comme des victimes de l’Indonésie musulmane. Il fallait, pour l’Occident, détacher au plus vite cette partie de l’île de la matrice indonésienne.
Le pouvoir algérien, opportuniste et obnubilé par le Maroc, a donc senti l’aubaine. Alger a instrumentalisé cette crise lointaine en Asie pour les besoins de sa propagande anti-marocaine. Les grosses ficelles et les gros sabots de la junte sont connus. Et ça continue!
Fourrant son nez dans l’affaire, le pouvoir algérien –parangon hypocrite de la non-ingérence et qui est inapte pour donner des leçons en droits de l’homme à quiconque– s’est précipité, avec un zèle inouï, pour rejoindre les rangs de ceux qui voulaient que le Timor Est se détache de l’Indonésie. Un référendum d’autodétermination a été organisé en 1999, avant une proclamation d’indépendance en 2002.
L’Indonésie, qui a activement appuyé l’Algérie dans sa lutte pour l’indépendance, fut consternée par le zèle algérien. Alger aurait pu rester dans la pondération et la neutralité. Impossible, le mot «référendum» excite trop le pouvoir algérien et le fait même baver car il est synonyme, aux yeux des caciques du Système, de dépeçage du Maroc.
A la suite de combats entre l’armée indonésienne et les séparatistes du FRETILIN (Front révolutionnaire du Timor Est indépendant), la consultation a été préparée en toute hâte par l’ONU. Il y avait aussi un autre parti, l’UDT unioniste (Union démocratique du Timor oriental), qui voulait rejoindre l’Indonésie.
Lire aussi : Insolite: Tebboune affirme avoir rompu les relations diplomatiques avec le Maroc pour «ne pas faire la guerre»
Après le référendum, les populations qui voulaient rester rattachées à l’Indonésie ont été réprimées. Aujourd’hui, le Timor Est, oublié de tous, sauf de la propagande algérienne, est livré à lui-même. C’est le pays le plus pauvre de l’Asie du Sud-Est.
Il a connu des rivalités violentes pour le pouvoir, des rebellions, des émeutes, des conflits de religion… Non viable économiquement, il a adopté le dollar américain comme devise nationale. Il vit de l’aide internationale et ne cesse de solliciter le soutien de l’Indonésie.
Le référendum, qui a eu de dramatiques conséquences pour les populations, aujourd’hui vanté par Tebboune, relève de la grossière manipulation.
Des termes de comparaison absurdes
L’analogie entre le Timor Est et le Sahara marocain est à la fois une escroquerie intellectuelle et une insulte à l’Histoire. Le Sahara marocain est, depuis la nuit des temps, dans la continuité historique, religieuse, civilisationnelle, humaine, géographique, sociale, culturelle, linguistique de la nation marocaine.
Il est le berceau des dynasties qui ont fait la grandeur et le rayonnement du Royaume. Les Marocains sahraouis ont toujours été liés par le serment d’allégeance aux Souverains. Les prières dans les mosquées du Sahara se font au nom du roi du Maroc.
Les Marocains sahraouis ont porté le combat contre les colonisateurs espagnols et français au même titre que leurs frères du Nord pour l’indépendance du pays et le recouvrement de ses frontières historiques.
Les brèves séquences coloniales imposées au Royaume n’ont ni acculturé, ni affecté les fondements et les institutions qui cimentent la cohésion de la nation. Les saints vénérés, fondateurs des lignées sahraouies, reposent dans des mausolées partout au Maroc. Les dynasties marocaines ont toujours soudé les composantes tribales du Sahara au service d’un vivre-ensemble assurant paix, sécurité et prospérité au bénéfice de l’ensemble.
Cette configuration historique de cohésion sur les plans humains, religieux, social, politique, linguistique, etc. est exceptionnelle. Elle singularise les grandes nations. C’est elle qui explique l’échec de cette adversité injustifiée et toutes les tentatives stériles de la junte algérienne et qui exaspère la communauté internationale. Les grandes nations se sont fait une opinion définitive sur ce conflit artificiel au Maghreb.
Le pouvoir algérien n’a ni principes, ni convictions authentiques. Il n’a qu’une médiocre et exclusive «feuille de route», à l’image de ses décideurs en uniformes: «Tout faire pour nuire au Maroc !» Or une «feuille de route» n’a jamais constitué un dessein, un projet de société ou un futur pour ceux, de fraîche création, qui cherchent à construire un pays.
C’est pour cela que le régime algérien est dans l’impasse. Les subterfuges pénibles comme cette comparaison, stérile et naïve, avec le Timor Est l’enfoncent davantage dans le discrédit… et la mystification.