La Mauritanie relance ses relations diplomatiques avec Israël, Alger seul au monde

Le président américain Donald Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani.

Le président américain Donald Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani.

La République islamique de Mauritanie s’apprête à reprendre ses relations avec l’État d’Israël. L’annonce officielle est attendue ce mercredi depuis la Maison Blanche, où le président Mohamed Ould Ghazouani doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous l’égide du président américain Donald Trump. Le grand perdant de cette reprise n’est autre que l’Algérie, plus isolée que jamais.

Le 09/07/2025 à 12h28

La révélation a été faite par le bien informé Semafor, un site d’information fondé par deux poids lourds du journalisme états-unien, Ben Smith du New York Times et Justin B. Smith de Bloomberg Media Group. La Mauritanie et Israël vont reprendre leurs relations diplomatiques. L’annonce est attendue ce mercredi même et sera faite depuis la Maison Blanche, à l’issue d’une rencontre prévue entre le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous les auspices du président américain Donald Trump.

Citant des sources proches du dossier, Semafor parle d’une décision mûrie de longue date, mais que les deux pays ont maintenue confidentielle. L’administration Trump a, quant à elle, «indiqué qu’elle restait engagée en faveur de la normalisation des relations avec Israël et du développement de partenariats économiques à travers le continent africain», lit-on.

Pour précision, la rencontre Ould Ghazouani-Netanyahu s’inscrit en marge du mini-sommet États-Unis-Afrique de l’Ouest, auquel participent également quatre autres pays: le Gabon, la Guinée-Bissau, le Liberia et le Sénégal. Membre de la Ligue arabe, la Mauritanie avait rompu ses relations avec Israël en 2010 en réaction à la première guerre de Gaza, faisant d’elle l’un des trois seuls pays africains (avec le Mali et le Niger) à avoir suspendu ses liens diplomatiques avec Tel-Aviv. Six pays africains n’ont toujours pas reconnu l’État hébreu: l’Algérie, les Comores, Djibouti, la Libye, la Somalie et la Tunisie.

La reprise des relations diplomatiques entre Nouakchott et Tel-Aviv constituera d’ailleurs une pression supplémentaire sur le régime d’Alger, chantre international de l’antisémitisme le plus primaire et pilier d’un front arabe viscéralement hostile à l’État hébreu, mais qui s’effrite à vue d’œil. Une logique qui a vécu.

La rencontre entre Trump et les cinq dirigeants africains s’inscrit dans une nouvelle approche des relations États-Unis-Afrique, axée davantage sur les opportunités commerciales et les échanges. Des relations qui passent également par Israël.

Longtemps rompues, les relations entre la Mauritanie et Israël connaissent un frémissement diplomatique inédit, sur fond de recompositions régionales et de pressions internationales. Ancien partenaire d’Israël entre 1999 et 2009, Nouakchott semble aujourd’hui prêt à reconsidérer ses positions, dans un contexte où plusieurs pays arabes ont déjà franchi le pas de la «normalisation».

Des signaux forts émergeaient ces derniers temps, notamment à travers des rencontres discrètes en marge de sommets internationaux. Ce retour progressif sur la scène diplomatique israélienne pourrait redessiner les équilibres au Maghreb et dans la bande sahélo-saharienne, au moment où les enjeux sécuritaires et économiques prennent le pas sur les lignes idéologiques traditionnelles.

La reprise des relations israélo-mauritaniennes confirmera, si besoin est, une dynamique régionale défavorable à Alger, en affaiblissant ses alliances traditionnelles, en renforçant ses «rivaux» et en accentuant son isolement. Le rapprochement officiel entre la Mauritanie – un pays arabe membre de l’Union africaine – et Israël accentue l’isolement de l’Algérie sur ce dossier, d’autant plus que le Maroc, les Émirats, Bahreïn et le Soudan ont déjà signé les Accords d’Abraham.

«La Mauritanie occupe qui plus est une position géopolitique charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. En renouant avec Israël, elle contribue à redessiner les alliances régionales, ce qui affaiblit l’influence évanescente de l’Algérie dans cette zone stratégique», explique notre source. Ce sera le cas notamment au Sahel et plus largement au sein de l’Union africaine, où Israël cherche à gagner du terrain. «L’Algérie a mené des campagnes diplomatiques pour empêcher l’octroi du statut d’observateur à Israël au sein de l’Union africaine. Si un pays arabe africain comme la Mauritanie reprend ses relations avec Israël, cela affaiblira la position algérienne dans ce dossier et renforcera la légitimité d’Israël sur le continent», conclut notre observateur.

Par Tarik Qattab
Le 09/07/2025 à 12h28