Gaza: poursuite des bombardements israéliens, sur fond de négociations pour une trêve

De la fumée s'élève après un bombardement israélien dans le centre de la ville de Gaza, le 18 mars 2024.. AFP or licensors

Les efforts des médiateurs se sont encore intensifiés mardi pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza assiégée, où la famine guette des centaines de milliers de Palestiniens après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.

Le 20/03/2024 à 09h28

Les pourparlers se sont intensifiés ces derniers jours pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza, avec notamment la visite du chef du Mossad, les services de renseignement extérieurs israéliens, au Qatar, pays médiateur avec les Etats-Unis et l’Egypte, et après que la Hamas, a ouvert la porte à une pause de quelques semaines, après avoir exigé un cessez-le-feu définitif.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu ce mercredi en Arabie saoudite, puis jeudi en Egypte, pour tenter d’arracher un accord. Il y abordera les «efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat», ainsi que «les moyens d’accroître l’aide humanitaire à Gaza et la coordination de l’après-conflit à Gaza».

Le chef du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyeh, a accusé mardi Israël de «saboter» les négociations autour d’un cessez-le-feu en menant depuis la veille une opération d’envergure contre l’hôpital Al Chifa dans la ville de Gaza, opération qui a fait des dizaines de morts, dont une majorité de civils, et des centaines d’«arrestations» par l’armée israélienne, d’après le ministère de la Santé du Hamas.

Les ONG et les agences de l’ONU ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur le risque imminent de famine dans le territoire palestinien, en particulier dans le nord, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes, zone difficilement accessible à cause des destructions, mais aussi par le fait des opérations militaires et des blocages de l’armée israélienne.

Une offensive sur Rafah

Outre les risques de famine, la communauté internationale s’inquiète des conséquences d’une opération israélienne à Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où s’entassent environ 1,5 million de Palestiniens, dans leur immense majorité déplacés par la guerre.

Les États-Unis pressent leur allié israélien d’éviter un assaut généralisé à Rafah qui risquerait selon la Maison Blanche de faire encore plus de victimes civiles, «aggraverait la situation humanitaire, renforcerait l’anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël» sur la scène internationale. Une délégation militaire israélienne est attendue à Washington pour discuter «des façons de cibler le Hamas sans mener une vaste offensive terrestre à Rafah», a déclaré plus tôt cette semaine le président Joe Biden.

Le Canada va cesser d’envoyer des armes vers Israël, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale canadienne. La cheffe de la diplomatie canadienne Mélanie Joly a souligné qu’Ottawa n’avait approuvé «aucun permis» d’exportation de matériel militaire pour Israël depuis le 8 janvier dernier.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 5 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué plus de 31.819 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 73.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Selon les agences de l’ONU, plus de 1,1 million de personnes à Gaza, soit environ la moitié de la population, vivent dans une situation alimentaire «catastrophique», proche de la famine.

«Toute la population de Gaza dépend aujourd’hui de l’aide alimentaire, mais plus de la moitié de la population vit aujourd’hui dans ce que l’on appelle un “niveau de faim critique”», a déclaré mardi Philippe Lazzarini, le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestinien (Unrwa), auquel Israël refuse désormais l’accès au territoire palestinien.

Le «principal obstacle» à l’entrée de l’aide à Gaza «est l’absence de volonté politique», a-t-il ajouté, disant qu’avant la guerre entre «500 à 700 camions par jour» entraient à Gaza, mais que «aujourd’hui, nous en sommes à 100 camions, ou 150, selon les jours».

Depuis la guerre, Israël a imposé un siège complet à la bande de Gaza, coupant tout approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant. Dans les deux seuls points d’entrée de l’aide humanitaire, l’armée israélienne inspecte l’intégralité des cargaisons, interdisant des restrictions sur plusieurs produits, dont du matériel médical et des produits de première nécessité. Ceci a aussi pour effet de réduire le nombre de camions entrant dans le territoire palestinien.

Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d’approvisionnement sont loin de se substituer aux routes terrestres.

Un deuxième bateau chargé d’aide humanitaire doit quitter Chypre dans les prochains jours, après l’arrivée le 15 mars à Gaza d’un premier bateau de l’ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres fournis par l’ONG américaine World Central Kitchen. Et ces vivres, parmi lesquels du riz et de la farine, ont commencé mardi à être distribués dans le nord de Gaza par le Programme alimentaire mondial de l’ONU.

Par Le360 (avec AFP)
Le 20/03/2024 à 09h28