Cette prise de position collective, rare par son ampleur et par la diversité géographique des États signataires, intervient dans un contexte régional déjà extrêmement tendu, marqué par la guerre en cours dans la bande de Gaza et par une recrudescence des violences en Cisjordanie occupée. Elle vise explicitement une décision prise par l’exécutif israélien, perçue par les chancelleries occidentales comme une remise en cause directe des paramètres internationaux du règlement du conflit israélo-palestinien.
«Nous, représentants de l’Allemagne, de la Belgique, du Canada, du Danemark, de l’Espagne, de la France, de l’Italie, de l’Irlande, de l’Islande, du Japon, de Malte, des Pays-Bas, de la Norvège et du Royaume-Uni, condamnons l’approbation par le cabinet de sécurité du gouvernement israélien de la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie occupée», selon un communiqué commun diffusé par le ministère français des Affaires étrangères.
«Nous réitérons notre claire opposition à toute forme d’annexion ainsi qu’au développement de la politique de colonisation», ajoute le texte.
Les autorités israéliennes avaient annoncé dimanche avoir approuvé l’installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à «bloquer l’établissement d’un État palestinien terroriste», dans un contexte d’intensification de la colonisation depuis le 7 octobre. Pour le gouvernement israélien, cette décision s’inscrit dans une logique sécuritaire et idéologique assumée, alors que la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas contre Israël a profondément reconfiguré le débat politique interne.
Dans leur communiqué, les pays rappellent que cette action unilatérale constitue «une violation du droit international».
«Cette action risque de compromettre la mise en œuvre du plan de paix pour Gaza, alors même que sont déployés des efforts pour passer à la deuxième phase (de ce plan, NDLR), et elle nuit aux perspectives de paix et de sécurité durables dans l’ensemble de la région», ajoutent-ils.
Les signataires soulignent ainsi le lien direct entre la dynamique de colonisation en Cisjordanie et les discussions diplomatiques en cours autour d’un cessez-le-feu durable à Gaza. Pour eux, l’extension des colonies fragilise non seulement les chances de stabilisation immédiate, mais hypothèque aussi toute architecture politique de sortie de crise à moyen et long terme.
«Nous appelons Israël à revenir sur cette décision, ainsi qu’à cesser l’expansion des colonies, conformément à la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies», écrivent-ils, ajoutant qu’ils sont «déterminés à soutenir le droit à l’autodétermination des Palestiniens».
Adoptée en 2016, la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies réaffirme que les colonies israéliennes dans les territoires occupés depuis 1967 «n’ont aucune valeur juridique» et constituent une violation flagrante du droit international. Elle reste l’un des principaux cadres juridiques invoqués par la communauté internationale pour dénoncer la colonisation, même si son application concrète demeure largement symbolique.
Ces pays rappellent enfin leur «attachement indéfectible à une paix globale, juste et durable reposant (…) sur la solution des deux États où deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivent côte à côte en paix et en sécurité, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues».
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La colonisation s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967, mais elle s’est nettement intensifiée sous l’exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023. Les ministres les plus à droite de la coalition au pouvoir revendiquent ouvertement une accélération de l’implantation juive en Cisjordanie, considérée comme un territoire bibliquement et historiquement central.
Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie dans des colonies que l’ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens. Cette réalité démographique et territoriale complique chaque jour davantage la mise en œuvre concrète de la solution à deux États, pourtant régulièrement réaffirmée comme horizon politique par la majorité des acteurs internationaux.










