«Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre (…) est d’aller directement à un accord de paix, qui mettrait fin à la guerre, et non à un simple accord de cessez-le-feu, qui souvent ne tient pas», a déclaré Trump sur son réseau Truth Social, en référence aux pourparlers russo-américains. Une position diamétralement opposée à celle de l’Ukraine et de ses alliés.
C’est une victoire pour Vladimir Poutine, dont les troupes ont récemment progressé dans l’est de l’Ukraine. Le président russe réclame depuis le début un «accord de paix» global, censé traiter les «causes profondes» du conflit, à commencer par la volonté de l’Ukraine d’adhérer à l’Otan. Moscou considère cette alliance militaire comme une menace existentielle à ses frontières.
La grande crainte de Kiev se confirme: un accord qui entérinerait, de jure ou de facto, une perte de territoires. Aujourd’hui, l’armée russe contrôle environ 20% du territoire ukrainien, dans quatre régions du sud et de l’est (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia), ainsi que la Crimée annexée en 2014.
Questions territoriales
Ni Poutine ni Trump n’ont abordé explicitement ce point devant la presse. Mais selon un responsable informé d’échanges téléphoniques entre le président américain et plusieurs dirigeants européens, «M. Trump soutient une proposition russe accordant à Moscou un contrôle total sur Donetsk et Lougansk, avec un gel des positions dans Kherson et Zaporijjia.»
La Russie avait proclamé en septembre 2022 l’annexion de ces quatre régions, sans jamais les occuper entièrement. Ses troupes contrôlent aujourd’hui la quasi-totalité de Lougansk et une grande partie de Donetsk, y compris leurs capitales régionales. Kherson et Zaporijjia restent en revanche largement sous contrôle ukrainien.
On ignore encore quel statut formel aurait ces territoires, alors que Volodymyr Zelensky a fermement rejeté toute concession territoriale, jugée «contraire à la Constitution ukrainienne».
Garanties de sécurité
L’Ukraine exige des garanties en cas d’arrêt des hostilités pour prévenir toute nouvelle offensive russe, une revendication soutenue par les Européens mais rejetée par Moscou.
Dans son compte rendu aux Européens et à M. Zelensky, Donald Trump a évoqué «une garantie comparable à l’article 5 de l’Otan», mais en dehors du cadre de l’Alliance. Deux sources proches du dossier confirment que Kiev bénéficierait d’un mécanisme de défense collective, activable en cas d’attaque.
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La Première ministre italienne Giorgia Meloni a parlé d’«une clause de sécurité collective» qui obligerait les partenaires de l’Ukraine, y compris les États-Unis, à intervenir en cas de nouvelle agression.
La France et le Royaume-Uni se disent prêts à contribuer à une force de «réassurance» stationnée en Ukraine, mais non déployée directement sur la ligne de front.
Vers une réunion tripartite?
Donald Trump a confirmé qu’il recevrait lundi Zelensky à la Maison Blanche. «Si tout marche bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine», a-t-il ajouté, affirmant que la conclusion d’un accord dépendait «vraiment du président» ukrainien.
Mais Volodymyr Zelensky a jugé que le refus russe d’un cessez-le-feu «complique la situation», exprimant son scepticisme quant à la volonté de Moscou de parvenir à une paix durable.
Sanctions américaines en suspens
Vendredi devait expirer l’ultimatum fixé par Trump à la Russie: mettre fin à la guerre sous peine de sanctions dites «secondaires», visant notamment les pays s’approvisionnant en pétrole et en armements russes.
«Vu comme cela s’est passé aujourd’hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant», a finalement déclaré le président américain sur Fox News après son entretien avec Poutine.
Les dirigeants européens, eux, ont répété leur détermination: «Nous continuerons à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l’économie de guerre de la Russie, jusqu’à l’établissement d’une paix juste et durable.»











