Depuis son lancement en 2021, le podcast «Machi Rojola» s’attache à déconstruire les normes patriarcales et à promouvoir des comportements masculins respectueux et inclusifs. Selon Soufiane Hennani, le fondateur de la chaine, les masculinités positives sont «une redéfinition de la masculinité qui se détache de la violence, de la domination, d’une émotion restreinte et des stéréotypes traditionnels».
Étudiant en thèse de doctorat en biologie moléculaire, Soufiane a grandi à El Jadida, au sein d’une famille où il est le seul garçon parmi six sœurs, ce qui a façonné sa sensibilité et son engagement pour l’égalité des sexes. «Vivre entouré de femmes m’a permis de comprendre de près les défis liés au genre», dit-il. Son bénévolat dans les clubs universitaires ou dans des associations, comme l’Association de lutte contre le sida (ALCS), a également renforcé sa réflexion sur ces questions.
Il explique que l’idée du podcast est née d’un besoin de partager ses réflexions personnelles après avoir pris le temps de faire des recherches à ce propos. «En 2021, j’ai ressenti un déclic, une urgence à exprimer ces idées, non pas pour prouver quelque chose, mais simplement parce que j’ai des choses à dire», confie-t-il. Le format audio, accessible et démocratique, s’est alors imposé comme le moyen idéal pour aborder ce sujet complexe, mais essentiel.
Cette nouvelle saison se distingue par une approche inédite: elle donne exclusivement la parole aux femmes, leur permettant de s’exprimer sur des sujets les concernant directement, tels que le féminisme et les relations hommes-femmes. Le premier épisode met en vedette Latifa El Bouhsini, historienne spécialisée dans l’histoire des mouvements féministes au Maroc, qui discutera de son engagement personnel pour les droits des femmes depuis les années 80. Au fil des sept épisodes, Soufiane a interviewé des féministes de divers horizons, comme Bouchra Abdou de l’association Tahadi, qui aborde le cyberharcèlement.
Bien que le podcast soit produit en darija au Maroc, il touche également la diaspora et trouve un écho en Tunisie, en France et en Belgique pour les épisodes enregistrés en français. La majorité de ses auditeurs sont de jeunes adultes de 17 à 25 ans, et 41,3% de son public est composé d’hommes, preuve de l’intérêt croissant pour ces thématiques. Le podcast, qui reste indépendant et autoproduit, a enregistré 29.197 écoutes intégrales pour la dernière saison. Soufiane gère lui-même tout le processus de production, de l’enregistrement au montage, aidé par son amie et collaboratrice de longue date, Zainab Fasiki pour les illustrations.
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Les épisodes de la saison ont été réalisés à distance. «Cette saison, j’ai enregistré les épisodes de manière très artisanale, souvent entre deux cours, car je suis actuellement en train de suivre un certificat en santé sexuelle à l’Université Laval au Canada. Même si je suis loin du Maroc, le projet me permet de rester connecté au pays», partage-t-il. Pour réussir sa mission, il s’est servi de studios virtuels grâce à l’IA qui simule des conditions d’enregistrement de haute qualité en temps réel.
Avec cette nouvelle saison, «Machi Rojola» continue de promouvoir les masculinités positives et d’enrichir le débat public sur l’égalité des genres, tout en mettant en avant cette fois-ci des voix féminines essentielles. «Je travaille continuellement pour élargir l’audience et briser les désinformations en collaborant avec diverses plateformes et en présentant le projet sous un jour positif. Il reste encore un chemin à parcourir pour toucher un plus grand nombre de personnes et approfondir l’engagement auprès du public marocain», conclut Soufiane Hennani.