La suspension de Rachid M’Barki, le 12 janvier, par la chaine télévisée au sein de laquelle il officiait depuis plus de 18 ans ne laisse personne indifférent, depuis que l’annonce en a été faite par les médias français le 2 février.
Depuis, les interrogations fusent de toutes parts. Que reproche-t-on en réalité à ce journaliste et rédacteur en chef, qui affiche plus de 30 ans de métier au compteur et présente le journal de la nuit sur BFMTV depuis son lancement en 2005? À en croire le journal Politico, premier média à faire des révélations –et des raccourcis douteux– sur cette mise à l’écart, un audit interne est actuellement mené au sein de la chaîne d’information française suite à la diffusion «dans des circonstances troubles», de contenus «non validés».
Le Sahara marocain au cœur d’une tempête médiatique en France
Ce qu’on reproche concrètement au journaliste qui présente également l’émission Faites entrer l’accusé sur RMC Story, est d’avoir fait mention à l’antenne du «Sahara marocain» et non du «Sahara occidental», contrairement aux us et coutumes médiatiques en France.
C’est ainsi dans le cadre d’un reportage présenté par Rachid M’barki, l’été dernier, à propos du Forum économique de Dakhla où se sont réunis des investisseurs espagnols en juin 2022, que celui-ci évoquait le «réchauffement des relations diplomatiques» entre l’Espagne et le Maroc facilité, expliquait-il, par «la reconnaissance espagnole du Sahara marocain». Un sujet on ne peut plus toxique pour le pouvoir en France, qui ne semble guère apprécier le caractère stratégique des relations entre Rabat et Madrid, étayé par la clarté de la position de l’Espagne sur le Sahara atlantique.
La mention de la marocanité du Sahara a suffi à déclencher une véritable tempête au sein de la chaîne et à donner lieu à un audit interne pour soupçons d’ingérence du Maroc. Une démarche perçue par nombre d’observateurs comme une véritable chasse aux sorcières orchestrée contre le Maroc.
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Et pour cause, c’est précisément au moment où le Maroc fait l’objet d’un acharnement médiatique depuis que le Parlement européen s’emploie à se blanchir des accusations de corruption qui l’entachent, en prenant pour cible le Maroc, qu’une séquence datant de juin 2022 a refait surface afin de mieux corroborer les accusations d’ingérence contre le Maroc.
Bien que la chaîne BFMTV se refuse à se prononcer sur une ingérence étrangère, la presse française, elle, s’est littéralement emballée en publiant à son tour l’information diffusée par Politico le 2 février, participant ainsi à son tour à un véritable Maroc bashing.
Des raccourcis douteux pour preuves
Ainsi, toujours dans les colonnes de Politico, ce média s’est livré à des raccourcis forts douteux en partageant une interview filmée de Rachid M’Barki réalisée par Le360, considéré, avance Politico «comme proche du pouvoir». Ainsi, non seulement est-il reproché au journaliste, dont on a tôt fait de rappeler l’origine marocaine, d’accorder une interview à un site d’information marocain mais aussi d’y avoir parlé de ses liens avec son pays d’origine. Montée en épingle, une déclaration en particulier de Rachid M’Barki a fait mouche: lorsqu’il dit qu’il «essaye d’agir à (sa) manière à (son) petit niveau pour faire briller le Maroc» quand celui est interrogé sur sa participation à un rapprochement à travers des ONG entre la France et le Maroc… On a tôt fait d’y voir un complot. C’est ce qui s’appelle faire mousser du vent quand on manque d’ingrédients.
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Joint par le journal Le Parisien, Rachid M’Barki déclare: «On me reproche d’avoir donné à l’antenne des infos qui ne sont pas passées par les circuits de validation officiels», en citant pour exemple l’évocation d’un forum économique entre le Maroc et l’Espagne à Dakhla, mais aussi «des emplois menacés sur la Côte d’Azur par la disparition des oligarques russes après le début de la guerre en Ukraine». Car ce sont désormais tous les journaux télévisés présentés par le journaliste que l’on soupçonne d’avoir été biaisés, en avançant aussi des ingérences d’autres pays africains et arabes, tels que le Soudan et le Qatar, pour la simple et bonne raison qu’ils faisaient l’objet de thématiques abordées dans le journal de la nuit de BFMTV.
Le journaliste plaide quant à lui la bonne foi, assurant que ces informations lui avaient paru tout simplement «intéressantes» à donner aux téléspectateurs, poursuit Le Parisien, et balaie d’un revers de la main les accusations d’ingérence en les qualifiant de «fantasme».