«Comme un meeting de Trump»: plongée dans le réseau social des trumpistes

L'ex-président américain Donald Trump, ici à côté d'un smartphone affichant son propre réseau social. «Truth Social» a débuté son déploiement le 21 février 2022 et devrait être «pleinement opérationnel» d'ici fin mars.

L'ex-président américain Donald Trump, ici à côté d'un smartphone affichant son propre réseau social. «Truth Social» a débuté son déploiement le 21 février 2022 et devrait être «pleinement opérationnel» d'ici fin mars. . Stefani Reynolds / AFP (photomontage)

Le 24/02/2022 à 07h17

VidéoJoe Biden habillé en taliban, Joe Biden commettant des erreurs diplomatiques, Joe Biden qui bute sur ses mots... Les contenus mis en ligne sur Truth Social, le nouveau réseau social de Donald Trump, s'acharnent sur le président américain.

A première vue, la plateforme dont le nom signifie «vérité», et qui se définit comme une «grande tente» à idées, porte avant tout sur les obsessions du milliardaire républicain qui n'a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020.

«Truth Social, c'est comme un grand meeting de Trump en 2016. Venez!», a tweeté Wendy Rogers, sénatrice de l'Arizona.

«J'y dis les choses dans toute leur Vérité», a-t-elle ajouté.

Encore faut-il pouvoir s'y rendre: de nombreux utilisateurs potentiels n'y arrivent pas à cause des bugs informatiques. Mercredi, deux jours après l'activation publique de l'application sur Apple, la liste d'attente s'était allongée à environ 500.000 personnes.

Avant d'être banni de Twitter, Donald Trump y comptait quelques 89 millions d'abonnés. Il s'adressait à eux tous les jours, alternant annonces présidentielles et attaques contre ses ennemis politiques.

Mais il a été banni des grands réseaux (Twitter, Facebook, YouTube) après l'assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021, qu'il est accusé d'avoir encouragé.

Un an après, et avant les cruciales élections législatives de mi-mandat, il espère retrouver un mégaphone -et ses partisans espèrent qu'il va de nouveau briguer la Maison Blanche en 2024.

RightForge, la société d'infrastructure internet qui héberge «Truth», avait indiqué à l'automne s'attendre à ce que le réseau finisse par compter plus de 75 millions d'utilisateurs.

Les fake news à l'honneurLes utilisateurs peuvent faire défiler des «vérités», le nom des messages sur l'interface, dont le design ressemble à celui de Twitter ou Instagram.

Au menu, les chevaux de bataille de Donald Trump. Un «meme» (image humoristique sur internet) montre par exemple Joe Biden portant un turban sur la tête et un lance-grenade sur l'épaule, avec une légende glorifiant les talibans, en référence au retrait d'Afghanistan.

On trouve aussi beaucoup la formule «Let's Go Brandon», une insulte à Joe Biden qui est devenue un cri de ralliement des supporters de l'ex-président.

De nombreux messages évoquent bien sûr les «fake news» soi-disant colportées par les médias grand public. L'un d'entre eux leur reproche même de ne pas avoir relayé les fausses informations sur la mort de la reine d'Angleterre.

Truth se présente comme un forum «pour la liberté de pensée et de partager des idées». Donald Trump et la droite américaine accusent en effet les réseaux sociaux d'écarter les points de vue des conservateurs, même si les mêmes élus s'en servent pour faire passer leurs messages.

Twitter et Facebook ont à plusieurs reprises imposé des sanctions à des personnalités qui relayaient de fausses informations jugées dangereuses, dans le cadre de la pandémie de Covid-19 par exemple, ou risquant d'influencer un scrutin démocratique.

Oui aux trolls, non aux calomnies«Truth Social autorise les contenus "non appropriés au travail" et relevant du "trolling"», le phénomène qui consiste à créer artificiellement des controverses en ligne, d'après les règles de la plateforme.

L'âge minimum y est de 18 ans, et les contenus apparaissent par ordre chronologique, au lieu des 13 ans requis sur la plupart des grands réseaux et de la sélection personnalisée par les algorithmes, deux caractéristiques souvent critiquées par certains élus et ONG.

En revanche, le règlement interdit les contributions «obscènes, lubriques, ordurières, violentes, calomnieuses, diffamatoires, relevant du harcèlement ou autrement répréhensibles».

«Nous voulons être accueillants pour les familles», a assuré Devin Nunes, le patron de Trump Media & Technology Group (TMTG), la maison mère du nouveau réseau, interviewé en janvier sur la chaîne Fox News.

L'ex-représentant républicain a aussi précisé que TMTG travaillait avec Hive, une start-up spécialisée dans la modération automatisée des contenus.

Dans le passé, Donald Trump a lui-même été accusé à de nombreuses reprises de mentir, de calomnier et d'inciter à la violence sur les réseaux. Le traitement de ses messages et de ceux de ses partisans sera donc suivi de près.

A ce stade, un journaliste de l'AFP n'a pas réussi à accéder au profil de l'ex star de télé-réalité et TMTG n'a pas répondu à différentes sollicitations.

«Le temps de la Vérité est venu», a tweeté la semaine dernière Donald Trump Junior, le fils de l'ex-président, avec une capture d'écran d'un message de son père sur le réseau: «soyez prêts! Votre président favori va bientôt vous recevoir».

Le 24/02/2022 à 07h17