Vidéo. Voici ce que pensent les cadres de l’Istiqlal du PLF 2020

Le360

Le 22/11/2019 à 11h15

VidéoLes membres de l'Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) se sont retrouvés à Casablanca mercredi dernier, 20 novembre 2019. Cette initiative avait pour but d’analyser le projet de loi de finances 2020, mais aussi de formuler des réserves sur celui-ci.

Les cadres du cercle de réflexion du plus vieux parti politique du Maroc, désormais dans l'opposition, étaient en conclave mercredi dernier pour disséquer les différentes rubriques du PLF 2020, actuellement en discussion au Parlement. 

Le ton de cette rencontre a été donné dès le début de la conférence. Abdellatif Maâzouz, président de l’AEI, le résume pour Le360: «l’on attendait beaucoup du PLF 2020. Malheureusement, ce projet ne donne aucune visibilité. De plus, il s’écarte totalement des promesses du gouvernement».

Pour Abdellatif Mâzouz, en effet, «un écart se creuse depuis 2017 entre ce qui a été annoncé par le gouvernement et ce qu’il a lui-même programmé dans le cadre de la loi de finances, qui est un instrument de la politique économique du gouvernement».

En réponse à une question sur les éventuelles retombées de ce projet de loi de finances, le président de l’alliance a affirmé que celui-ci «accentue les déséquilibres territoriaux, ainsi que les déséquilibres sociaux. Ce PLF accentuera aussi les déséquilibres fondamentaux en aggravant la dette ainsi que le déficit budgétaire».

Abdellatif Maâzouz évoque aussi le sort de la classe moyenne qui, d’après lui, est lesée: «la classe moyenne a été pénalisée, car rien n’a été fait pour accroître son pouvoir d’achat: ni réduction de ses dépenses d’éducation, ni celle de ses dépenses de santé, ni celle de ses dépenses de transports publics, encore moins une réduction de la pression fiscale sur ses revenus». 

De son côté, Fouad Douiri, membre du bureau exécutif de ce cercle de réflexion istiqlalien, assure que la position de son parti «est que ce PLF n’apporte pas d’éléments importants ou d’évolutions importantes des orientations économiques du pays. En d’autres termes, on peut qualifier ce PLF, de loi de finances "d’attente"».

Fouad Douiri porte également un regard critique sur les mesures sociales contenues dans ce PLF et affirme que «le programme Tayssir [relatif à l’abandon scolaire, Ndlr], le Ramed [couverture sociale obligatoire, Ndlr], ou encore la compensation sont certes maintenus, mais ne sont pas renforcés. Alors que, par exemple, les bourses octroyées aux étudiants ne couvrent plus leurs besoins, pour le Ramed, l'enveloppe avoisine 1,3 milliard de dirhams, alors que son budget minimum devrait être de 3 milliards de dirhams», précise cet ex-ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement dans l'un des gouvernements dirigé par Abdelilah Benkirane. 

Mais ce qui a véritablement interpelé Fouad Douiri, ce sont les amnisties. A cet effet, il estime que «l’aspect marquant de ce PLF, c’est sans nul doute les amnisties qui posent un problème de confiance et un problème de principe, notamment l’amnistie sur les avoirs à étrangers». 

«Lorsque le gouvernement a décrété une amnistie en 2014, il avait clairement annoncé que c’était pour régulariser la situation des avoirs à l’étranger une fois pour toutes, et voilà que cinq ans après, le gouvernement revient avec une deuxième amnistie, en disant encore que c’est pour régulariser définitivement la situation des avoirs à l’étranger. Cela pose un réel problème de confiance», conclut-il.

Et quant à Driss Benhima, haut commis de l’Etat, qui a rejoint en cette année 2019, les rangs de l’Istiqlal ainsi que son cercle de réflexion dédié à l'économie, il affirme, pour Le360, que ce «Projet de loi de finances est un budget de colmatage. Il y a des urgences et, aujourd’hui, les urgences s’imposent par rapport à la stratégie».

Ce polytechnicien assure en outre que «la politique économique est plus dans la réparation, dans le colmatage, dans les situations d’urgence, que dans la sérénité de l’application d’une stratégie de long terme. C’est dommage, d’autant que les Assises de la fiscalité ont été réussies. Elles ont tracé les lignes d’une politique fiscale simple, stable, solidaire, éthique et de croissance efficace».

Pour Driss Benhima, «malheureusement, le poids des urgences fait que nous sommes obligés encore une fois de reporter les actions stratégiques de soutien à l’investisseur, de soutien à la classe moyenne, de soutien aux territoires marginalisés. On est donc obligé de les reporter à une période meilleure en termes budgétaires. C’est dommage!», s'exclame-t-il pour conclure. 

Par Karim Ben Amar et Said Bouchrit
Le 22/11/2019 à 11h15