À l’origine du déclenchement de l’inflation dont souffre encore l’économie mondiale, les tarifs du fret maritime marquent leur retour à la normale cette année, après l’envolée spectaculaire observée en 2021. Le conteneur en provenance de Chine qui coûtait plus de 20.000 dollars s’échange aujourd’hui aux alentours de 4.000 dollars, selon le secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (FTL-CGEM), Rachid Tahri.
Cette baisse des tarifs est essentiellement due au recul de la demande et de la consommation dans les quatre coins du monde face à une conjoncture économique défavorable. «Le secteur du transport dépend de l’industrie et de l’import-export. Nous faisons actuellement face à une baisse d’activité liée à la baisse générale de la consommation de produits manufacturés», souligne-t-il.
Lire aussi : Transport routier de marchandises: le dialogue se poursuit entre la tutelle et les professionnels du secteur
Le recul de l’activité concerne également le Maroc. Selon les dernières statistiques de l’Agence nationale des ports (ANP), le trafic global des ports qu’elle gère s’est établi à 13,74 millions de tonnes (MT) en février 2023, en repli de 9,3% par rapport au même mois de 2022.
Le port Tanger Med tire néanmoins son épingle du jeu avec une progression de 6% de son activité à fin décembre 2022 par rapport à l’année précédente. Cette performance serait due à l’essor de l’automobile au Maroc, l’essentiel du flux qui transite par ce port étant lié à ce secteur, explique Rachid Tahri.
L’inflation fait de la résistance
Malgré le recul de l’activité et des tarifs du fret maritime, l’inflation demeure à des niveaux historiquement élevés au grand dam du pouvoir d’achat des ménages. Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse d’environ 10,1% en février 2023, comparé à la même période en 2022, tiré essentiellement par l’envolée des prix des produits alimentaires qui ont augmenté de 20,1% durant la même période.
Lire aussi : Indexation, transport de marchandises et des voyageurs, accidents de la route… Mohamed Abdeljalil déballe tout
En plus du fret maritime, notre interlocuteur assure que le prix du transport de marchandises par camion est aussi à un niveau bas, mais l’impact du coût du transport en général sur le prix des produits agroalimentaires reste faible. Les causes de la persistance de l’inflation seraient donc ailleurs.
«Les prix que nous pratiquons aujourd’hui sont en deçà des coûts de référence mais nous avons un engagement moral avec la tutelle pour préserver le pouvoir d’achat des ménages. Nous avons une subvention actuellement et nous travaillons pour la révision des coûts de référence», note-t-il.
Intermédiaire ou spéculateur?
Si les intermédiaires ont été pointés du doigt ces derniers mois comme étant la cause principale de la flambée des produits alimentaires au Maroc, Rachid Tahri insiste sur le besoin de faire la différence entre les intermédiaires et les spéculateurs. «Deux choses très différentes» dont la confusion pourrait porter préjudice aux acteurs du secteur de la logistique.
Lire aussi : Inflation: le marché automobile trinque
«Nous avons besoin des intermédiaires pour assurer la chaîne de distribution. Les agriculteurs ne peuvent pas vendre leurs produits directement aux consommateurs. Les emballeurs, les transporteurs, les stockeurs... sont des maillons essentiels de la chaîne logistique», explique-t-il.
Quant aux spéculateurs, ils sont décrits pas le responsable patronal comme «des personnes qui achètent pour revendre quand les prix augmentent. Entre le matin et le soir les prix peuvent être multipliés par dix dans un marché à cause des spéculateurs.»