Le secteur du Tourisme marocain s’apprête à vivre une crise sociale sans précédent. «Près de 550.000 emplois risquent d’être détruits», confie, sous couvert d’anonymat, un professionnel qui représente le secteur dans les actuelles négociations avec le gouvernement.
En cause, principalement, les propriétaires et gestionnaires d’environ 4.000 hôtels qui menacent de ne pas rouvrir leurs portes le 1er juillet. A cela, s’ajoutent aussi les agences de voyages et les transporteurs touristiques, qui font partie intégrante de la chaîne de valeur du tourisme au Maroc.
«Ils n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour assurer la reprise des activités. Si l’Etat ne leur vient pas en aide en répondant favorablement et d’urgence aux demandes formulées par la profession, des hôteliers menacent de ne pas rouvrir et de ne reprendre aucun de leurs salariés», poursuit notre interlocuteur.
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Alors que les négociations durent depuis deux mois avec le gouvernement, la profession n’a encore rien obtenu.
«Nous demandons à l’Etat de prendre en charge un tiers des salaires du secteur pendant 12 mois, une exonération de l’IGR pour la même période et un report des paiements des taxes et impôts», explique cet interlocuteur.
Le coût à supporter directement par l’État est de 1 milliard de DH par mois.
«Cette enveloppe permettra de sauver tous les emplois du secteur et d’assurer les revenus générés pour quelque 2 millions d’emplois indirects qui gravitent autour du secteur», explique cette source anonyme. L'idée est de maintenir pour 12 mois encore l'indemnité servie jusqu'ici par la CNSS aux salariés en arrêt de travail.
Dans tout cela, le fait le plus triste est que les salariés du secteur devront accepter la réduction d’un tiers de leurs salaires s’ils souhaitent sauvegarder leur emploi.
Cette mesure figure en effet en haut de la liste des demandes formulées au Gouvernement. Les professionnels ont sollicité le feu vert des autorités de tutelle pour pouvoir appliquer cette réduction pour une période de 12 mois. Les salaires seront pris en charge à parts égales entre l’Etat et les employeurs. Les salariés, eux, devront abandonner le tiers de leur revenu mensuel.
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La profession négocie aussi avec les banques. Des réunions se sont tenues avec le Groupement Professionnel des Banques du Maroc, le GPBM, pour les sensibiliser aux difficultés que traverse le secteur en raison de la crise sanitaire.
Les représentants du secteur leur ont demandé un peu de «clémence» dans le traitement des dossiers des entreprises touristiques.
«Les négociations se déroulent bien avec les banques. Nous espérons mettre en place un protocole rapidement pour que les conditions d’octroi des crédits soient claires pour tout le monde», souligne notre interlocuteur.
Ce protocole portera notamment sur le réaménagement des conditions du Crédit Relance. Deux conditions, qualifiées de contraignantes, sont visées par la profession: le plafonnement du montant du crédit alloué à un mois du chiffre d’affaires et l’obligation de n’avoir aucun litige ou incident bancaire enregistré avant le 29 février 2020.