Souveraineté pharmaceutique: où en est le Maroc ?

Le prix des médicaments reste l’une des principales préoccupations des citoyens.

Revue de presseFace à une conjoncture marquée par les mutations technologiques, les impératifs de souveraineté sanitaire et les attentes croissantes en matière d’accessibilité, l’industrie pharmaceutique marocaine est à un tournant stratégique. Lamia Tazi, PDG de Sothema, revient sur les défis majeurs du secteur et les efforts engagés pour la baisse des prix des médicaments. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 26/05/2025 à 20h46

Parvenue à un niveau d’expertise envié, l’industrie pharmaceutique marocaine est aujourd’hui à la croisée des chemins. Lamia Tazi, présidente de Sothema, revient sur les avancées majeures du secteur, les défis à venir et les ambitions africaines du laboratoire.

Avec plus de soixante ans d’histoire, l’industrie pharmaceutique nationale s’est forgé une place solide dans l’économie du pays. «Le Maroc a soixante ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique. Durant cette période, nous avons eu la chance de bénéficier d’une expertise», souligne Lamia Tazi. Une expertise qui a démontré toute son efficacité durant la crise sanitaire. Alors que de nombreux pays faisaient face à des ruptures de stocks, le Maroc, grâce à une production locale couvrant 70% des besoins nationaux, a pu maintenir une certaine souveraineté médicamenteuse.

Cette réussite, insiste Tazi, ne doit pas masquer l’urgence d’une modernisation continue. «Nous devons absolument préserver cette expertise, en pariant notamment sur l’investissement dans les technologies», explique-t-elle, tout en appelant à un virage vers les biotechnologies, les nouvelles thérapies, le diagnostic avancé et l’intelligence artificielle, des domaines en pleine effervescence à l’échelle mondiale. Pour la patronne de Sothema, le Royaume a les moyens de se positionner comme un acteur clé dans ces nouvelles niches à forte valeur ajoutée.

L’un des points les plus sensibles pour les citoyens demeure le coût des médicaments. Face à cette préoccupation, Lamia Tazi affiche une volonté claire de coopération. «C’est un devoir et une obligation pour l’industrie pharmaceutique marocaine», affirme-t-elle à propos de la baisse des prix. L’instauration de la généralisation de la sécurité sociale, présentée comme une réussite royale, impose une refonte des modèles économiques. «Nous sommes prêts à faire des efforts. Cela a déjà été dit aux autorités», poursuit-elle, précisant que l’industrie est associée à la réflexion sur le futur décret de fixation des prix des médicaments.

Sur le volet international, Sothema nourrit des ambitions claires sur le continent africain. Après une implantation réussie au Sénégal, le laboratoire pharmaceutique vise un nouveau marché de taille : la Côte d’Ivoire. «Nous avons pu nous implanter au Sénégal, ce qui est aujourd’hui une grande réussite, même si cela n’a pas été un long fleuve tranquille», confie Lamia Tazi. La démarche s’inscrit dans une stratégie de duplication du modèle sénégalais, déjà en discussion avec les autorités ivoiriennes.

Par Lamia Elouali
Le 26/05/2025 à 20h46