Entre le département de l’Industrie et du commerce et le HCP, c’est une longue brouille sur fond de chiffres. L’actuel ministre, Ryad Mezzour, ne fait que perpétuer cette tradition.
Le ministre istiqlalien vient, en effet, d’attaquer frontalement le Haut-commissaire au Plan en raison des rapports publiés par cette institution au cours des dix dernières années, et que le ministre juge critique envers la politique gouvernementale, et ce, sans avoir présenté des propositions à même de contribuer à l’évolution de ce secteur vital, écrit Assabah dans son édition du jeudi 15 juin.
Dans une première déclaration, le ministre a annoncé lors d’une session de travail au Parlement, que « si nous avions suivi le HCP, nous aurions arrêté tous les projets de développement». Pour le ministre, les rapports du HCP de ces dix dernières années sont «tous des critiques de la politique industrielle».
Ces rapports, a poursuivi le ministre, font état, depuis dix ans, de «l’absence de valeur ajoutée, de diversité et de la faiblesse des postes de travail créés», alors que la réalité est tout le contraire. Ce qui fait dire au responsable gouvernemental que, finalement les rapports du HCP sont erronés et, partant, manquent de crédibilité.
Cela fait dix ans, a martelé le ministre, que le HCP nous dit que rien n’a été fait et que la politique industrielle déployée n’a pas eu d’impact, ni en termes de valeur ajoutée, ni en termes d’emploi.
Finalement, l’outil des statistiques national «ne nous donne pas ce dont nous avons besoin pour gérer ce secteur et le développer», a affirmé le ministre, ajoutant que son département et le gouvernement en général devraient engager une discussion avec l’institution dans ce sens.
Parce qu’au final, la réalité est tout à fait contraire à ce qui est relevé dans les rapports du HCP.
Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour dans les zones industrielles de Tanger, Kénitra, Meknès ou encore Nador.
Reprenant une déclaration de feu Mohamed El Ouafa, le ministre a souligné que finalement, c’était le ministère qui fournissait les données de base au HCP, qui les adapte selon ce qu’il veut en faire, parce qu’au lieu de faire une évaluation objective de la politique et des réalisation du département, il utilise ses propres chiffres pour le dénigrer.
Citant cette fois le député istiqlalien Jamal Diwani, président de la commission des secteurs productifs, le quotidien affirme que le HCP devrait revoir ses méthodes de travail.
Sa méthodologie de travail n’a pas changé depuis 2014 et ses données doivent être mises à jour.
L’institution publique ne doit surtout pas continuer à interpréter d’une manière qui n’est pas du tout innocente les chiffres qui sont fournis par les différents départements gouvernementaux.
Cela vaut particulièrement pour les chiffres relatifs au domaine de l’emploi.
Le HCP, a expliqué le député, continue à considérer comme salarié uniquement l’employé en poste devant sa machine alors que les unités industrielles créent des centaines d’emplois en parallèle, dans la gardiennage, l’emballage…
Sur ce dernier point, et contrairement à ce qui a été inscrit dans les rapports du HCP, Ryad Mezzour a soutenu que pour avoir un indicateur fiable sur les emplois créés par le secteur sous sa tutelle, il suffit de regarder les statistiques de la CNSS.
Le nombre des personnes déclarées dans le secteur de l’industrie à la CNSS connaît des évolutions de l’ordre de 30 à 40%. Il ne faut pas oublier, non plus, que 86% des exportations marocaines sont des produits industriels conclut le quotidien.