Le précédent dispositif d’appui reposait sur une aide indirecte: les éleveurs accédaient à des fourrages et aliments composés à des prix subventionnés. Ce jeudi, lors d’un point de presse tenu avec le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouraoui, a annoncé un changement de cap. L’État bascule vers une aide directe en numéraire, versée à l’ensemble des éleveurs — dont la grande majorité sont de petits producteurs — sur la base du recensement national du cheptel réalisé entre le 26 juin et le 11 août 2025.
Cette nouvelle architecture met l’éleveur au centre de la décision. Plutôt que de subventionner l’offre, elle lui donne la latitude d’acheter lui-même ses intrants en fonction de la ration et des besoins zootechniques de son troupeau. Le soutien se décline d’une part en appui à l’acquisition d’aliments pour bétail, selon une grille dégressive par tête (de 150 à 75 dirhams pour les ovins, de 100 à 50 dirhams pour les caprins, et de 400 à 150 dirhams pour les bovins et les camélidés), et d’autre part en prime dédiée à la préservation du capital reproducteur, ciblant les femelles ovines et caprines destinées à la reproduction et dûment recensées, à hauteur de 400 dirhams par brebis et 300 dirhams par chèvre.
Le calendrier de paiement a été fixé en deux temps. Dès le début du mois de novembre 2025, une première tranche couvrira l’intégralité de l’aide à l’alimentation, assortie d’une avance de 100 dirhams par femelle au titre de la prime de préservation. À compter du 1er avril 2026, une seconde tranche parachèvera le versement, à raison de 300 dirhams pour les ovines et 200 dirhams pour les caprines. Les montants seront virés directement sur les comptes bancaires des bénéficiaires, garantissant la traçabilité de la dépense publique, limitant les intermédiaires et améliorant l’efficience du soutien.
Au-delà de l’ingénierie financière, l’objectif est clair: renforcer la résilience des élevages, sécuriser le potentiel de reproduction et stabiliser l’offre en viandes rouges et en lait, dans un contexte de renchérissement des intrants et de variabilité climatique accrue. Cette réforme, en recentrant l’aide sur le producteur, entend donner aux exploitations les moyens d’un ajustement fin et réactif, au plus près des besoins du cheptel.








