Projet de fabrication du vaccin Sinopharm: ce que le Maroc y gagne, ce qu'en dit l'expert Lbachir BenMohamed

Le roi Mohammed VI préside la cérémonie de lancement du projet de fabrication du vaccin anti-Covid-19 du laboratoire chinois Sinopharm au Maroc, le 5 juillet 2021, au palais royal de Fès. 

Le roi Mohammed VI préside la cérémonie de lancement du projet de fabrication du vaccin anti-Covid-19 du laboratoire chinois Sinopharm au Maroc, le 5 juillet 2021, au palais royal de Fès.  . DR

Le Maroc a fait un grand pas pour assurer son indépendance dans le domaine de fabrication des vaccins, s'est félicité le Dr Lbachir BenMohamed, immunologiste maroco-américain, dans une déclaration pour Le360, peu après la cérémonie de lancement du projet de fabrication au Maroc du vaccin chinois Sinopharm, sous la présidence du Roi.

Le 06/07/2021 à 10h59

Interrogé hier, lundi 5 juillet, depuis sa résidence en Californie, peu après la cérémonie de lancement du projet avec Sinopharm, présidée par le roi Mohammed VI, le Dr Lbachir BenMohamed, qui a salué cette initiative royale, a redit sa disposition à contribuer à accélérer la première phase de découverte et de développement des vaccins «Vaccines Research and Development» au Maroc contre d’autres maladies infectieuses ou maladies auto-immunes, voire contre les cancers.

En effet, pour produire un vaccin, il faut passer par trois phases. D’abord celle liée à la recherche et à la découverte du vaccin (protégée par un ou plusieurs brevets), suivie de la phase de production du vaccin lui-même (Manufacturing), puis celle du remplissage ou de mise en seringue du vaccin, connue sous le nom de «fil and finish». S’ensuit la dernière étape, celle de la commercialisation et de la distribution du vaccin.

© Copyright : DR

La journée du lundi 5 juillet 2021 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de l’industrie pharmaceutique au Maroc. Le Royaume a fait un grand pas vers la fabrication de vaccins 100% marocains en signant un accord avec le laboratoire chinois Sinopharm, le Suédois Recipharm et le Marocain Sothema, en vue d’accélérer les deux phases de la production et de la mise en seringue des vaccins COVID-19.

Cette initiative, qui devrait s’étendre à d’autre firmes pharmaceutiques, comme Pfizer, Moderna et autres, aidera le Maroc à réduire le coût de production des vaccins, à accroître la couverture vaccinale, à assurer l’indépendance du pays dans le domaines des vaccins et, par conséquent, renforcer sa souveraineté sanitaire, a souligné Docteur Lbachir BenMohamed, immunologiste maroco-américain installé aux Etats-Unis, qui poursuit actuellement des travaux de recherches financés par le gouvernement américain, visant à développer un vaccin universel contre tous les types de coronavirus.

Evoquant le débat international récent sur la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, le Dr Lbachir BenMohamed estime que le Maroc, en se dotant d’une infrastructure industrielle de «fil & finish», fait ainsi preuve d’anticipation et prend une bonne longueur d’avance dans le domaine de la fabrication des vaccins contre le Covid-19.

En plus des vaccins, le Dr Lbachir BenMohamed estime que le Maroc pourrait également se positionner dans le créneau des immunothérapies, correspondant aux anticorps monoclonaux, un traitement qui avait été médiatisé à l’automne 2020 lorsqu’il a été administré à l’ex-président des Etats-Unis Donald Trump, bien avant la découverte des vaccins contre le Covid-19. 

© Copyright : DR

Le docteur BenMohamed a été l’un des premiers scientifiques et chercheurs Marocains à lancer un appel pour rassembler les compétences et construire un «Institut Marocain de Vaccinologie et d’Immunothérapie», pour y découvrir et fabriquer des vaccins et anticorps monoclonaux 100% Marocains, afin de prévenir et guérir des maladies infectieuses et des cancers.

«Nous avons au Maroc tout ce qu’il faut pour développer un vaccin à 100% marocain. Il suffit d’avoir la volonté et les infrastructures nécessaires. Nous pouvons éventuellement lancer une étude pour mettre au point un vaccin purement Marocain», avait soutenu cet immuno-virologiste et vaccinologiste, en février dernier, au plus fort de la pandémie, lors d’une série d’entretiens pour Le360, intitulée «Corona Vaccin, l’avis de l’expert».

«It’s not a big deal, we can do it. [Ce n'est pas une énorme donne, nous pouvons le faire, Tdlr] Avoir un vaccin 100% Marocain signifierait que les Marocains auraient pu être approvisionnés et vaccinés en priorité. Il faut réfléchir aux moyens d’atteindre une indépendance dans le domaine des vaccins. Une fois qu’on aura développé une industrie vaccinale locale, on peut l’étendre à d’autres virus, bactéries ou parasites et on peut même envisager à exporter les vaccins vers l’Afrique», avait ajouté BenMohamed.

Interrogé à son tour sur l’opportunité de fabriquer un vaccin 100% Marocain, lors de son passage à l’émission Grand Format Le360, le Dr. Moncef Slaoui, l’ex-chef scientifique de l’opération Warp Speed aux Etats-Unis, a suggéré de participer, dans une première étape, à la manufacture des vaccins qui existent déjà.

"Il y a des usines au Maroc qui m’ont contacté pour demander si elles pourraient faire le remplissage stérile des vaccin existants", nous a-t-il confié. Et d’ajouter: «La manufacture du vaccin serait une étape pour une montée en puissance des compétences et des infrastructures, afin de pouvoir un jour produire un vaccin qui serait découvert au Maroc et qui, je l’espère, serait destiné pour au moins toute l’Afrique ou une bonne partie du monde».

Par Wadie El Mouden
Le 06/07/2021 à 10h59