Pourquoi le prix de l’huile d’olive n’a pas baissé malgré la limitation des exportations

Un inspecteur de l'ONSSA contrôle la chaîne de production oléicole dans une unité de trituration à Béni Mellal.

Malgré la limitation des exportations, les prix de l’huile d’olive restent élevés. Entre épisodes de sécheresse successifs et hausse des coûts de production et des intrants, la filière fait face à des défis multiples, selon Rachid Benali, président d’Interolive.

Le 29/11/2023 à 12h58

La filière de l’huile d’olive au Maroc, malgré la décision de limiter les exportations pour stabiliser le marché intérieur, peine à faire baisser les prix. Selon Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (Interolive), «la sécheresse a grandement affecté la production d’olives cette année, avec un rendement inférieur aux années précédentes. Cette baisse de production, conjuguée à d’autres facteurs, maintient les prix de vente de l’huile à un niveau élevé, à environ 90 dirhams le litre».

Le professionnel explique que «l’offre disponible ne parvient pas à satisfaire la demande croissante, contribuant à la hausse des prix. De plus, l’intervention des intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement entraîne une augmentation supplémentaire des tarifs. Sans oublier la flambée des prix des engrais azotés importés et d’autres intrants essentiels qui affecte directement les coûts de production

Quid de la mesure visant à faire baisser les prix des engrais, prise en juin dernier dans le cadre du programme gouvernemental visant à atténuer les effets du retard des précipitations? D’après Rachid Benali, ce dispositif aura, certes, un impact positif sur les tarifs sur le marché, mais «seulement à partir de la prochaine campagne agricole».

Celui qui est également président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader) pointe aussi le triplement des coûts d’irrigation. «L’augmentation des coûts d’irrigation, due à la nécessité de pomper l’eau de profondeurs plus importantes, et la hausse des coûts d’énergie qui en résulte contribuent également à cette flambée. S’y ajoutent la nécessité d’embaucher plus de personnel pour la surveillance des exploitations agricoles à cause des vols, ainsi que les charges fixes, comme les loyers, qui continuent de peser lourdement sur la trésorerie des producteurs», fait-il remarquer.

La limitation des exportations en vigueur jusqu’au 31 décembre 2024

Selon le ministère de l’Agriculture, la production nationale prévisionnelle d’olives est estimée à 1,07 million de tonnes, en baisse de 44% par rapport à celle de l’automne 2021 (1,9 million de tonnes). Cette chute a surtout affecté les régions de Marrakech-Safi, l’Oriental et Béni Mellal-Khénifra, avec respectivement -42%, -17% et -10%.

Cette baisse est due principalement à l’effet conjugué de la sécheresse persistante des deux dernières campagnes, de la vague de chaleur qui a sévi durant le mois d’avril dernier, au moment de la floraison des vergers oléicoles dans différentes régions, et de l’impact négatif de la grêle survenue au niveau de certaines zones de la région de l’Oriental, notamment la province de Taourirt.

Afin de valoriser la production nationale localement, d’assurer l’approvisionnement normal et régulier du marché national et de stabiliser les prix à la consommation à des niveaux normaux, le gouvernement a décidé de soumettre à licence l’exportation des olives à l’état frais ou réfrigéré, les olives transformées, l’huile d’olive et l’huile de grignons. Une mesure qui demeure valable jusqu’au 31 décembre 2024.

Par Hajar Kharroubi
Le 29/11/2023 à 12h58