L’UE relance les négociations de pêche avec le Maroc

Costas Kadis, commissaire à la pêche et aux océans, assiste à son audition de confirmation au Parlement européen à Bruxelles le 6 novembre 2024. AFP or licensors

Revue de presse La Commission européenne a donné son feu vert à l’ouverture de discussions avec Rabat pour rétablir un accord de pêche interrompu depuis juillet 2023. Cette relance s’inscrit dans un contexte politique transformé par la reconnaissance internationale du plan d’autonomie marocain au Sahara et vise à sécuriser un partenariat stratégique pour les flottes européennes, en particulier espagnoles. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 20/11/2025 à 18h26

La Commission européenne a franchi une étape décisive le 11 novembre en donnant son feu vert à une proposition visant à relancer les négociations avec le Maroc pour rétablir un accord de pêche suspendu depuis juillet 2023. L’annonce a été faite à Madrid par Costas Kadis, commissaire européen à la Pêche et aux Océans, devant la commission mixte du Congrès et du Sénat espagnols. Bruxelles a transmis aux Vingt-Sept un mandat de négociation, dont l’adoption formelle ouvrira la voie à des discussions avec Rabat pour reconstruire un partenariat halieutique longtemps considéré comme stratégique, notamment pour l’Espagne, indique le magazine Jeune Afrique.

Cette relance intervient dans un contexte géopolitique profondément transformé par la résolution 2 797 adoptée le 31 octobre par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le texte reconnaît l’initiative marocaine d’autonomie comme la base sérieuse et réaliste pour résoudre durablement le conflit autour du Sahara occidental, renforçant ainsi la position internationale du royaume.

La décision de Bruxelles s’inscrit donc dans cette nouvelle dynamique diplomatique et traduit une volonté de stabiliser un partenariat interrompu après les décisions de la Cour de justice de l’Union européenne, qui avait annulé en octobre 2024 les précédents accords agricoles et halieutiques pour inclusion des eaux adjacentes au Sahara sans consultation jugée suffisante des populations locales, souligne Jeune Afrique.

Les accords de pêche avec le Maroc ont longtemps constitué un pilier pour les flottes européennes. Historiquement, ces protocoles ont permis à de nombreux navires, principalement espagnols mais aussi portugais, français ou allemands, d’opérer dans les eaux marocaines. Le dernier accord, arrivé à expiration en 2023, prévoyait 138 licences, dont 92 attribuées à l’Espagne, principalement pour des armements andalous et galiciens. Bien que partiellement utilisé dans sa phase finale en raison de contraintes juridiques et économiques, il demeure crucial pour les secteurs dépendant des ressources atlantiques marocaines, écrit Jeune Afrique.

Selon Costas Kadis, le mandat de négociation vise à «réengager un dialogue structuré» avec Rabat. Le commissaire européen a souligné l’importance de cette étape pour établir un cadre clair après deux années de vide juridique, tout en confirmant les consultations préalables avec le ministre espagnol de l’Agriculture et de la Pêche, Luis Planas, signe de l’intérêt direct de Madrid dans ce processus.

Lors de son audition, Kadis a également été interrogé sur les implications potentielles d’un rapprochement entre le Maroc et la Russie sur le plan halieutique, rappelant que la priorité de l’UE est de consolider un partenariat bilatéral solide afin de maintenir son influence dans une zone maritime stratégique.

La résolution 2797 des Nations unies ajoute une dimension juridique et diplomatique significative, en renforçant la reconnaissance internationale du plan d’autonomie marocain, soutenu depuis plusieurs années par une majorité de partenaires de Rabat. Cette évolution pourrait réduire le risque de nouveaux recours devant la CJUE et faciliter la conclusion d’un accord durable. Pour l’heure, aucune date ni modalité précise de reprise des discussions n’a été fixée. Pour Bruxelles, l’enjeu est double: préserver un partenariat halieutique essentiel pour plusieurs secteurs européens, tout en s’alignant sur la nouvelle réalité politique entérinée par l’ONU, lit-on dans Jeune Afrique.

À Rabat, le dossier halieutique s’inscrit dans un cadre de coopération beaucoup plus vaste avec l’UE. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a rappelé, au moment où Costas Kadis s’exprimait à Madrid, l’ampleur des engagements financiers européens en faveur de projets nationaux jugés prioritaires, les qualifiant d’«importants et exceptionnels». Selon lui, les efforts diplomatiques menés ont permis de consolider un partenariat euro-marocain tourné vers une «prospérité partagée», malgré les turbulences qui ont récemment affecté la politique étrangère de l’UE.

En 2025, les engagements européens ont dépassé les 220 millions d’euros, financements destinés à la reconstruction post-séisme d’Al Haouz, au programme Terre verte, à l’initiative Karama, ainsi qu’à l’enseignement supérieur, aux réformes nationales et à la transition énergétique.

Parallèlement, un accord agricole amendé garantit aux produits marocains un accès préférentiel au marché européen. Des mécanismes ont été activés pour lever certains obstacles aux exportations marocaines, consolidant la position de Rabat comme partenaire économique majeur de l’UE, notamment dans le secteur automobile. L’ensemble de ces mesures traduit une volonté commune de maintenir et de sécuriser un partenariat stratégique, économique et diplomatique, au moment où les enjeux maritimes et géopolitiques se font plus complexes dans la région.

Par La Rédaction
Le 20/11/2025 à 18h26