Il est 8h30 à Londres et une fois n’est pas coutume, en ce matin du 4 novembre, le soleil est au rendez-vous. Le quartier des affaires de la City s’anime et au 39e étage de The Gherkin, ce gratte-ciel en verre à la forme reconnaissable entre mille, une centaine d’investisseurs britanniques et de décideurs de premier plan discutent avec entrain autour d’un petit-déjeuner.
Ils ont tous répondu à l’invitation de l’ambassade du Maroc à Londres pour assister à une conférence économique au cours de laquelle leur seront présentées les Provinces du Sud du Maroc et les formidables opportunités d’affaires qu’elles présentent.
«Nous sommes aujourd’hui au cœur de l’une des plus grandes places financières au monde, et cette communauté économique londonienne se situe à l’avant-garde des investissements», explique pour Le360 l’ambassadeur du Maroc au Royaume-Uni et en Irlande du Nord, Hakim Hajoui.
En effet, est-il rappelé lors de cette rencontre, sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les Provinces du Sud du Maroc sont un hub de croissance et d’investissement qui aspirent à devenir un moteur de croissance aux niveaux national, régional et continental avec pour objectif de faire évoluer leur PIB de 10 milliards de dirhams à 22,5 milliards de dirhams entre 2010 et 2025 et créer, ainsi, environ 120.000 emplois.
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«Il y a eu un appel clair de Sa Majesté pour promouvoir les investissements et améliorer le climat des affaires. C’est ce message que nous faisons passer ici au-delà des frontières du Maroc. Nous informons les investisseurs de ce qui est en train de se passer chez nous, que ce soit au niveau des mesures prises et de la croissance de secteurs qui ont un énorme potentiel et enregistrent de grandes avancées technologiques, en plus des opportunités concrètes d’investissement qu’offre notre Royaume», explique ainsi Hakim Hajoui.
Les secteurs clés de provinces riches en ressourcesL’objectif de cette conférence, organisée par l'ambassade du Royaume du Maroc à Londres, en partenariat avec le Centre d'investissement régional de Dakhla-Oued Eddahab et l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), est ainsi de consolider les relations économiques entre le Maroc et le Royaume-Uni et d’explorer les opportunités commerciales inexploitées des Provinces du Sud du Maroc pour les investisseurs britanniques.
Aujourd’hui, «le Maroc et le Royaume-Uni ont d’excellentes relations. Nous entretenons des liens historiques, renforcés par l’amitié qui unit les familles royales, et nous disposons d’un cadre de coopération», ajoute Hakim Hajoui qui considère que la prochaine étape pour mener cette coopération à un autre niveau et asseoir le Maroc au rang de partenaire stratégique du Royaume-Uni, «c’est l’investissement».
Au programme de cette matinée rythmée par deux panels, le partage d’idées et de conseils pour des opportunités d’investissement existantes… Dans une allocution filmée, Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des politiques publiques, souligne que l’ambition poursuivie à travers cette initiative et d’autres à venir, était de faire du Royaume-Uni l’un des principaux partenaires économiques du Maroc dans un futur proche. Mohcine Jazouli présente par ailleurs à l’assistance les nombreuses réformes entreprises sous le leadership du roi Mohammed VI, tant politiques, qu’économiques et sociales afin d’améliorer l’environnement économique, construire une plateforme de production compétitive et locale, tout en développant des infrastructures de premier ordre.
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Celui-ci évoque les nombreuses raisons qui font du Maroc l’une des meilleures destinations où investir à travers le monde, à commencer par la stabilité politique du pays incarnée par sa monarchie, ses institutions démocratiques, la paix et la sécurité qui y règnent. Outre l’emplacement stratégique que le Maroc occupe et son empreinte en Afrique, où il représente le premier investisseur en Afrique de l’Ouest, le ministre délégué chargé de l’investissement explique également la grande importance que le pays accorde à la durabilité avec à titre d’exemple «plus de 40% de notre électricité qui provient de sources d’énergies vertes et un objectif de dépasser les 50% d’ici 2030».
Enfin, Mohcine Jazouli, après avoir évoqué la nouvelle Charte de l’investissement, née de la volonté royale de placer l’investissement en rang de priorité dans le plan national de développement économique, fait la promotion du potentiel énorme des provinces du Sud du Maroc, classées par les experts dans le top 3 des destinations mondiales pour investir dans les énergies renouvelables, «et particulièrement l’hydrogène vert» souligne-t-il.
Présents à cette occasion, Ali Seddiki, directeur général de l’AMDIE, et Mounir Houari, directeur général du centre régional d’investissement de Dakhla, échangeront longuement avec l’assemblée au cours d’un premier panel visant à présenter le large éventail de secteurs clés dont disposent les Provinces du Sud du Maroc, lesquelles ont connu une évolution très rapide et sont en passe de devenir un véritable hub économique, notamment en matière d’énergie verte, mais aussi d’agriculture, d’aquaculture, de pêche et de tourisme. Et pour illustrer l'ambition de consolider le rôle des Provinces du Sud du Maroc en tant que pôle commercial et hub logistique offrant un point d'entrée avantageux pour les investissements tant régionaux que continentaux, la lumière étant dirigée en grande partie sur la région de Dakhla Oued-Eddahab.
Afin de rassurer les potentiels investisseurs, Mounir Houari tient à mettre l’accent notamment sur les mécanismes d’accompagnement des investisseurs étrangers au Maroc, évoquant, entre autres, la mise en place de plateformes digitales afin de garantir rapidité, gain de temps et transparence dans les procédures administratives.
Des projets transformateurs sont également présentés à l’assistance, à l’instar de la zone franche d’Afrique de l'Ouest, le port Dakhla Atlantique appelé à être aussi stratégique que le port de Tanger Med, au nord du pays, sans compter les grands chantiers d'infrastructures présentés aux côtés de projets d'énergie renouvelable et de dessalement d'eau de mer qui ont vu le jour dans le cadre de la volonté du Royaume de transformer la région.
La jeunesse marocaine, un atout majeur du développementPour Zitouni Ould-Dada, directeur adjoint de la division climat et environnement de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome, participant à ce premier panel, l’investissement se doit par ailleurs de tenir compte des nombreuses crises que traversent le monde, qu’elles soient alimentaire, climatique ou sanitaire, afin de s’adapter et proposer des solutions à ces crises. Pour cet éminent spécialiste, il faut investir maintenant, sans plus attendre, car «c’est aujourd’hui que s’écrit le futur», clame-t-il, et surtout, il est nécessaire d’associer la jeunesse du pays aux projets d’investissement dans le sud marocain. «Notre jeunesse veut apprendre pour rester au Maroc et développer sa région», lance-t-il à l’assemblée.
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Présent également lors de ce premier panel, Stephen Orr, président de la chambre de commerce britannique au Maroc, insiste sur le cadre compétitif mis en place par le gouvernement marocain pour les investisseurs étrangers et présente un contexte marocain qui se prête aux investissements, le pays étant, explique-t-il, le site le plus compétitif pour les investisseurs étrangers. Outre les indéniables atouts climatiques et géographiques du Maroc, Stephen Orr valorise l’incroyable potentiel de la jeunesse marocaine, désireuse d’apprendre et férue de culture anglo-saxonne, quitte à favoriser de plus en plus l’apprentissage de la langue anglaise en comparaison au français.
Le timing de cette rencontre est par ailleurs d’autant plus important, explique l’ambassadeur du Maroc à Londres, dans sa déclaration pour Le360, que l’on «se tourne de plus en plus vers les modèles anglo-saxons, que l’anglais fait partie intégrante du curriculum et enfin que la diaspora aujourd’hui au Royaume-Uni est de plus en plus composée d’étudiants, soit les futurs ambassadeurs de demain à même d’établir un pont extrêmement compétitif et plein de potentiel pour l’avenir des relations maroco-britanniques».
La différence de langue n’est donc pas une barrière pour entreprendre des projets dans les Provinces du Sud ont ainsi pu être rassurés les potentiels investisseurs. Une affirmation par ailleurs confirmée lors du deuxième panel qui réunit cette fois-ci des businessmen britanniques et marocains ayant sauté le pas en investissant à Dakhla.
Côté marocain, El Imame Ben Braika, vice-président et cofondateur de AJIDA, une association de jeunes entrepreneurs qui œuvre pour le développement de l’agriculture. A ses côtés, Driss Senoussi, directeur général de Dakhla Attitude qui compte six établissements hôteliers axés sur l’activité du kite surf. Côté britannique, sont présents Gregory Barker, fondateur de ESE Capital qui développe un gigantesque resort touristique à usage mixte à Dakhla, Mark Budd, administrateur non exécutif de Xlinks, le projet pharaonique axé sur les énergies renouvelables qui reliera le Maroc au Royaume-Uni via des câbles sous-marins. Et enfin, Raphael Jovine, fondateur et directeur scientifique de Brilliant Planet, une entreprise spécialisée dans la culture des algues à des fins de séquestration du carbone.
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Tous sont venus témoigner de leurs premiers pas en tant qu’investisseurs, des avantages qu’ils ont trouvés à investir dans les Provinces du Sud, de leurs projets présents et à venir, mais aussi de leur attachement au Maroc, un pays qui a su les séduire par la richesse de ses atouts et ses nombreuses facettes. Pour certains, comme Gregory Barker, son expérience marocaine en tant que businessman est le fruit du hasard. Amateur de kitesurf, c’est à travers ce sport qu’il a découvert Dakhla, quelques années auparavant, et qu’il a décidé d’y investir.
Le début d’une nouvelle aventureCette rencontre à la City a ainsi été «l’occasion de mettre à l’honneur nos régions du Sud qui représentent un potentiel d’investissement du pays, mais aussi de déconstruire des stéréotypes concernant le développement de ces régions», explique l’ambassadeur du Maroc à Londres pour Le360, et dans ce sens, illustrer par des photos et des vidéos des projets et infrastructures en place est, en effet, capital pour que les investisseurs se rendent compte de la réalité sur le terrain et soient rassurés.
Et la stratégie adoptée s’avère payante car déjà, les retours positifs se font nombreux au terme de cette journée de rencontres et d’échanges, explique pour Le360 Hakim Hajoui, que ce soit dans la découverte des progrès du pays dans son ensemble, de la perception des Provinces du Sud comme étant porteuses d’énormes potentiels, notamment en termes d’énergies renouvelables, mais aussi dans le rôle à jouer en terme de sécurité alimentaire mondiale.
Aujourd’hui plus que jamais, les Provinces du Sud se positionnent comme «ce hub qui va connecter l’Europe à l’Afrique et au reste du monde», conclut l’ambassadeur.
Cette rencontre, précédée deux jours auparavant à Londres par la célébration du deuxième anniversaire des Accords d’Abraham, permet ainsi de compléter une vision à 360 degrés d’un pays dont l’unicité et la spécificité reposent également sur son histoire culturelle, sa longue tradition de coexistence, son histoire séculaire en matière d’héritage judéo-marocain… autant d’aspects qui ont «un énorme impact au Royaume-Uni», ajoute Hakim Hajoui.
Et de poursuivre que «ce sont toutes ces opportunités et ces atouts qui permettent de mesurer la position d’un Maroc qui se situe au-delà d’une destination touristique. Un pays stable qui a une histoire, une position unique sur le continent africain et qui, face aux challenges que l’on vit aujourd’hui, que ce soit la crise énergétique ou alimentaire, s’impose comme un partenaire stratégique de premier choix, idéalement situé à 14 km de Gibraltar, à 3 heures de Londres, et partageant le même fuseau horaire».