L’accalmie aura été de courte durée: après avoir réduit ses droits de douane (ou droits compensateurs) sur les engrais marocains en novembre 2023, de 19,97% à 2,12%, le département du Commerce américain (DOC) vient de les réviser à la hausse, et de les faire ainsi passer de 2,12% à 14,21%, indiquent Les Inspirations Éco de ce jeudi 9 mai 2024.
Il s’agit là de résultats préliminaires, annoncés par ce département, une décision critiquée tant aux États-Unis que par le groupe OCP.
La National corn growers association (NCGA) a estimé que cette décision était pénalisante pour la communauté agricole, et pour le quotidien, «selon le président de la NCGA, Harold Wolle, cette nouvelle donne n’augure rien de bon pour le prix des intrants utilisés par les agriculteurs, du moment que le prix du phosphate va considérablement augmenter».
Harold Wolle a en effet déclaré que les marges des producteurs américains de maïs se retrouvaient «comprimées», exprimant sa ferme volonté de faire tout ce qu’il sera possible «pour améliorer la situation», car, a-t-il expliqué, «ces droits de douane sur les engrais ne nous aident pas».
Au Maroc, l’OCP veut faire appel de cette décision: «nous sommes déçus par ces résultats préliminaires, que nous comprenons être en grande partie influencés par des lacunes dans la méthodologie appliquée par le DOC afin d’évaluer les droits du Groupe OCP quant à son exploitation du minerai de phosphate», a affirmé une source autorisée du groupe, interrogée par le quotidien.
L’OCP projette donc d’interjeter appel contre ces tarifs auprès de la Cour du commerce international des États-Unis (US Court of international trade).
Pour Les Inspirations Éco, cette mesure peut être motivée par une volonté de protectionnisme, ou encore par la nécessité de renflouer le budget de l’État.
L’impact de cette décision sur les exportations marocaines est cependant à nuancer, et dépendra fortement du volume d’engrais importés par les États-Unis (700 millions de dollars en moyenne annuelle).
La mesure se répercutera surtout sur le cycle de production agricole du pays importateur, et la profitabilité du groupe marocain, elle, se trouve ailleurs. Celle-ci dépend de l’évolution des cours mondiaux, du degré de diversification de la clientèle et de celle des produits.
Cette récente décision américaine intervient après que la société nationale américaine d’engrais Mosaic, le plus grand producteur de phosphates du pays, a demandé, en 2023, une intervention du ministère américain du Commerce.
Un scénario identique à celui qui avait prévalu en 2021 se répète donc. Voici trois années, le groupe OCP avait contesté la mesure qui avait été entreprise auprès du tribunal de commerce international, et avait fini par obtenir gain de cause, en novembre 2023.