Le projet annonce la création du plus long gazoduc offshore du monde, couvrant environ 5.600 km à travers 11 pays africains. Et ce projet vit une étape importante dans sa réalisation. En effet, en fin de semaine dernière, la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPCL) a annoncé un investissement de 12,5 milliards de dollars dans le futur gazoduc Nigeria-Maroc, indique le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du lundi 10 avril. De quoi s’assurer 50% des parts dans un projet estimé à 25 milliards de dollars.
L’annonce a été faite jeudi 6 avril par le président directeur général de la NNPCL, Mele Kyari. Pour lui, la mise en oeuvre de cette gigantesque infrastructure avance selon le planning établi. La deuxième phase des études d’ingénierie préliminaires est en cours, et permettra d’évaluer l’impact environnemental du projet et les droits de passage qui y correspondent.
Le futur gazoduc partira du Nigéria et traversera onze pays de la côte ouest-africaine, notamment le Sénégal et la Mauritanie, pour enfin parvenir au Maroc où il sera connecté au Gazoduc Maghreb-Europe et, de là, à l’ensemble du réseau gazier européen.
Le Maroc et le Nigéria avaient signé, le 5 décembre 2022 à Rabat, cinq mémorandums d’entente avec la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, la Sierra Leone et le Ghana. Deux mois auparavant, le 15 octobre 2022, Amina Benkhdara, directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), avait également signé à Nouakchott des mémorandums d’entente avec la NNPC, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN). Ces mémorandums viennent s’ajouter à ceux paraphés par le Royaume, en septembre 2022, avec le Nigéria et la CEDEAO. Autant dire que tout le monde y gagne, y compris l’Europe.
Dans un Policy Brief récemment publié par le Policy Center for the New South, le chercheur Jamal Machrouh indique que l’apport gazier africain renforcera l’indépendance énergétique européenne, nécessaire à son autonomie stratégique.
Dans sa note d’orientation, le chercheur avance de nombreux arguments en faveur de ce projet d’envergure: «Citons, en premier lieu, la contribution efficace dudit projet à la diversification des ressources gazières des pays européens. Il leur donnera plus de marge de manœuvre», estime l’auteur de la recherche.
Le deuxième argument porte sur la contribution du gazoduc à l’édification d’une nouvelle génération de mesures qui aideraient à juguler les menaces asymétriques dont souffre l’Europe.
Jamal Machrouh estime également que le projet réduira le risque de remplacement de la dépendance européenne au gaz russe par une dépendance aux sources d’énergie non-conventionnelles dont les conséquences climatiques sont dangereuses. Le dernier argument stipule que «le projet impulsera une dynamique positive au processus d’intégration économique dans la région de l’Afrique de l’Ouest qui constituerait, en retour, un vaste marché de consommation utile pour les économies européennes».