Le financement agricole, moteur de la transformation durable au Maroc

Le secteur agricole réinvente son modèle grâce à un écosystème financier innovant où subventions ciblées, mécanismes de dérisquage, digitalisation et inclusion des jeunes et des femmes rurales font désormais du financement un levier central de résilience, d’innovation et de développement territorial.. Le360 : DR

Revue de presse Alors que le Maroc traverse une période de sécheresse historique et de défis climatiques sans précédent, le secteur agricole réinvente son modèle grâce à un écosystème financier innovant. Subventions ciblées, mécanismes de dérisquage, digitalisation et inclusion des jeunes et des femmes rurales font désormais du financement un levier central de résilience, d’innovation et de développement territorial. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 18/11/2025 à 19h32

Au Maroc, le financement n’est plus seulement un outil pour accroître la productivité agricole, il est devenu la pierre angulaire d’une transformation profonde du secteur. C’est ce que souligne le rapport Moneywise consacré aux innovations financières dans les systèmes agrifood africains et repris par le quotidien Les Inspirations Eco du 19 novembre. Si l’étude se penche également sur le Malawi et le Rwanda, le cas marocain se distingue par l’ampleur des dispositifs mis en place, la diversité des instruments financiers et l’intensité des réformes en cours.

Dès les premières pages, le rapport évoque un secteur en pleine transition, s’orientant vers un modèle plus résilient, porté par un «écosystème financier dynamique qui soutient une transformation inclusive, durable et fondée sur l’innovation». Le financement agricole dépasse désormais la simple logique agronomique: il devient un instrument de souveraineté, de résilience climatique et de développement territorial.

«Le poids stratégique de l’agrifood marocain explique l’ampleur des réformes engagées. Avec 16% du PIB, 23% des exportations et 67% de l’emploi rural, le secteur constitue l’un des moteurs économiques et sociaux les plus importants du pays», note Les Inspirations Eco. Selon Moneywise, cette transformation repose sur une combinaison de dispositifs publics, de solutions numériques et de mécanismes de dérisquage, pensés pour libérer le potentiel des exploitations familiales comme des petites et moyennes entreprises agroalimentaires.

Au cœur de cette dynamique se trouve le Fonds de développement agricole (FDA), qui a déployé près de deux milliards de dirhams pour renforcer la mécanisation et doubler l’indice de puissance agricole par hectare, dans le but de rapprocher le Maroc des standards internationaux. Le dispositif Tasbiq FDA, permettant un préfinancement pouvant atteindre 90%, est présenté comme un mécanisme de liquidité réduisant les délais et renforçant la viabilité des investissements des agriculteurs, un avantage crucial lorsqu’il s’agit de financer les achats avant le versement effectif des subventions.

«Dans le même temps, la modernisation administrative est devenue une priorité. Les procédures ont été digitalisées, les dossiers simplifiés et l’accès aux aides facilité, améliorant la transparence et la gouvernance financière», écrit Les Inspirations Eco. Cette évolution renforce l’attractivité du secteur pour les investisseurs privés, nationaux comme internationaux. Tamwilcom, l’agence nationale de garantie, joue un rôle central en partageant entre 50% et 80% du risque de crédit, contribuant ainsi à diffuser les prêts vers les petites exploitations, les jeunes entrepreneurs et les coopératives. Cette structure est considérée comme un pilier essentiel de la stratégie marocaine visant à corriger les défaillances du marché du crédit rural.

Cependant, le Maroc fait face à des défis majeurs. Depuis 2023, la sécheresse impose une tension structurelle inédite: les barrages sont remplis à seulement 25% de leur capacité habituelle et les pâturages ont tellement reculé que le cheptel a chuté d’environ 38%. Le rapport souligne que la transition vers des modèles agricoles moins dépendants de l’eau n’est plus une option, mais une nécessité. Cette contrainte climatique transforme l’architecture du financement agricole : les subventions sont réorientées vers des cultures plus résilientes comme le figuier, le caroubier ou le cactus, tandis que les assurances agricoles se renforcent pour protéger les agriculteurs contre les aléas climatiques. La gestion du risque climatique devient ainsi un préalable indispensable pour attirer des capitaux privés dans le secteur.

«Le numérique joue également un rôle croissant», souligne Les Inspirations Eco. Le FinTech Hub de Bank Al-Maghrib et l’essor du scoring alternatif permettent une analyse plus fine du risque et élargissent l’accès aux services financiers. Ces dispositifs favorisent l’inclusion de populations longtemps exclues, notamment les femmes rurales et les jeunes, un facteur clé pour accélérer la transition agricole.

Le Maroc s’appuie sur un modèle hybride combinant investissement public et capital privé. Le Plan Maroc Vert avait déjà démontré l’efficacité du levier public, mobilisant 21 milliards de dirhams en subventions et prêts pour attirer 7 milliards de dollars d’investissements privés, ce qui avait permis de doubler le PIB agricole et de moderniser des filières entières, des agrumes au lait en passant par l’olivier. La stratégie Génération Green poursuit cette dynamique en intégrant une dimension sociale, avec l’objectif de créer 350 000 emplois ruraux. L’État continue de jouer un rôle moteur tout en orientant les capitaux privés vers des secteurs porteurs, la valorisation des terroirs, l’irrigation efficace et des projets compatibles avec les objectifs climatiques.

Par La Rédaction
Le 18/11/2025 à 19h32