Les échanges agricoles entre le Maroc et la Russie connaissent une dynamique inédite en 2025. La Russie a repris l’exportation d’huile de colza vers le Maroc, avec plus de 8 000 tonnes livrées entre janvier et avril, selon le centre fédéral russe Agroexport, repris par L’Economiste dans son édition du mercredi 11 juin. Parallèlement, plus de 1 400 tonnes de tourteaux et de farines de soja ont également été expédiées.
Après une interruption de près de cinq ans, la Russie a relancé ses exportations d’huiles et de matières grasses vers le Maroc dès 2024. Cette année-là, le Royaume s’est imposé parmi les plus gros importateurs de tourteaux russes, entrant dans le top 10 pour le tournesol et le top 5 pour le colza. Le Maroc importe aussi de la pulpe de betterave, avec des volumes stables par rapport à 2023.
Le segment de l’huile de colza est le seul en forte croissance dans les exportations russes d’huiles végétales: entre janvier et avril 2025, elles ont bondi de 23%, atteignant 503 000 tonnes, malgré une baisse générale de 18% dans ce secteur, selon OleoScope.
Durant ces quatre premiers mois, relève L’Economiste, les exportations russes de matières grasses et de produits oléagineux vers le Maroc ont totalisé environ 85 000 tonnes. Agroexport estime que le potentiel d’approvisionnement du Maroc en produits agricoles russes pourrait atteindre 350 millions de dollars.
Les secteurs clés sont les huiles végétales, les tourteaux, les céréales et les produits alimentaires finis. Mikhaïl Maltsev, directeur exécutif de l’Union russe des huiles et matières grasses, souligne que «l’Afrique du Nord, et particulièrement le Maroc, affiche un fort potentiel d’augmentation des importations, avec une forte dépendance aux huiles végétales et tourteaux».
Au-delà des huiles et céréales, la Russie exporte également vers le Maroc des légumineuses, du maïs, de l’orge, du son, des boissons, du miel et des confiseries, renforçant la diversité des échanges.
Ce partenariat s’inscrit dans une logique économique et stratégique: le Maroc, dépendant en partie des importations alimentaires, trouve en Russie un fournisseur fiable, tandis que Moscou diversifie ses débouchés face aux sanctions occidentales. En retour, le Maroc exporte vers la Russie des produits agricoles, comme les agrumes, consolidant ainsi une relation bilatérale croissante.
La Russie intensifie par ailleurs ses exportations céréalières vers l’Afrique. Le Service fédéral vétérinaire et phytosanitaire russe (Rosselkhoznadzor) indique que le Maroc a reçu 124 000 tonnes de blé sur la même période, soit une hausse spectaculaire de 130% par rapport à 2024.
Les céréales constituent le pilier des exportations agricoles russes vers le continent, représentant 87 % de la valeur totale en 2024. Avec plus de 7 milliards de dollars de ventes agricoles en Afrique l’an dernier, en hausse de 19%, Moscou s’impose comme un acteur clé dans 45 pays africains.