Interdites, les cryptomonnaies ont le vent en poupe

DR

Revue de presseAvec plus d’un million de détenteurs d’argent virtuel en 2022, le Maroc est l’incontestable leader nord-africain de cet échange dématérialisé. Une revue de presse de Jeune Afrique.

Le 30/10/2023 à 20h18

«Alors même que les activités liées aux échanges de monnaies électroniques sont pour le moment interdites», «les Marocains sont de grands détenteurs de cryptomonnaies», explique Jeune Afrique sur son site d’informations.

«En 2022, le pays s’est classé à la 20e place mondiale des adoptions de monnaie virtuelle, sur 155 pays, selon The 2023 Geography of Cryptocurrency Report, du spécialiste américain du blockchain Chainalysis», explique le média, qui précise que le Royaume se classe même devant le Kenya (à la 21e place). Dans le continent, seul le Nigeria fait mieux, à la seconde place.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce sont ainsi 7,2% des échanges mondiaux de cryptomonnaies qui ont eu cours entre juillet 2022 et juin 2023, pour un volume financier de 389,8 milliards de dollars. Et en tout, ce sont 1,15 million de Marocains qui ont possédé des actifs virtuels en 2022, indique le think-tank marocain Policy Center for New South.

«Bien qu’un projet de loi de réglementation des cryptomonnaies soit dans les tiroirs de la Bank al-Maghrib depuis mai 2023, cette dernière ne cesse d’alerter sur les risques, et souligne notamment l’absence de protection du consommateur, le risque de blanchiment de capitaux et le non-respect des réglementations en vigueur, notamment la législation du change et des marchés des capitaux», explique aussi le média.

Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank al-Maghrib, a néanmoins indiqué que l’État explorait les contours de la création d’une monnaie virtuelle, le «e-dirham».

Car «le statu quo n’est plus une option pour les banques centrales, si elles veulent préserver leur rôle fondamental, celui d’émetteur de monnaie», a-t-il estimé, interrogé par le mensuel.

La versatilité du marché pousse les autorités marocaines à être sur leurs gardes. Le bitcoin, utilisé par 50% des 20-30 ans au Maroc, en est un parfait exemple: en novembre 2020, la cryptomonnaie, qui s’échangeait autour de 69 000 dollars (65 000 euros) a brutalement chuté à 16 000 dollars (15 000 euros).

Depuis quelques jours, la cryptomonnaie remonte la pente, à la faveur de spéculations sur la création éventuelle d’un fonds négocié en bourse (ETF) par Blackrock, mastodonte de la gestion d’actifs: elle se revendait ainsi aux alentours de 35 000 dollars (33 000 euros) à la fin du mois octobre.

La faillite, en 2022, de  FTX, plateforme américaine d’échange de cryptomonnaie, a brutalement illustré cette instabilité. La chute de l’entreprise de Sam Bankman-Field a ébranlé le cours de tous les crypto-actifs, aux premiers rangs desquels le bitcoin et l’ether. En une semaine, du 14 au 21 novembre 2022, l’ensemble des capitalisations boursières du secteur avaient perdu 5% de leur valeur.

Par Nabil Ouzzane
Le 30/10/2023 à 20h18