Interdiction de la phosphine dans les céréales françaises: aucune crainte pour les importations marocaines

Des grains de blé.. DR

Les importations marocaines de céréales depuis la France devraient se poursuivre normalement. Le gouvernement français assure que l’interdiction par l’Agence française de sécurité sanitaire et de l’alimentation (ANSES) de l’utilisation de la phosphine dans les cargaisons exportées ne sera pas appliquée.

Le 12/04/2023 à 22h45

Plus de peur que de mal pour les importateurs marocains de céréales depuis la France. L’interdiction de l’utilisation de la phosphine dans les exportations de céréales de ce pays ne devrait pas être appliquée. En effet, le gouvernement français envisage contourner la décision de l’Agence française de sécurité sanitaire et de l’alimentation (ANSES) qui devait entrer en vigueur dès ce 25 avril.

D’après Omar Yacoubi, président de la Fédération nationale des négociants en céréales et en légumineuses (FNCL), les importations de céréales depuis la France se poursuivront «normalement». Selon lui, «ce produit (la phosphine, NDLR) va continuer à être utilisé pour les exportations. Ces dernières ne seront donc pas suspendues.»

«Un problème administratif interne»

L’interdiction de l’utilisation de la phosphine, un insecticide utilisé pour traiter par fumigation les cargaisons de céréales lors de leur transport par bateau, avait suscité un tollé auprès des céréaliers français, puisqu’elle rend irrecevables les cargaisons de céréales pour plusieurs destinations extra-européennes, notamment l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.

Ces inquiétudes ont poussé le gouvernement français à réagir. «La France va continuer à exporter des céréales. Elle le fait dans le cadre du droit européen, qui permet de déroger à l’interdiction», a déclaré Marc Fesneau, ministre français de l’Agriculture, le 11 avril 2023 à l’Assemblée nationale.

Les mêmes assurances ont été formulées par Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur du même pays. «Il y a encore des clarifications juridiques à apporter, mais je puis vous garantir que d’ici au 25 avril, des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre», a-t-il affirmé devant l’hémicycle.

Pour Habib Hjiaj, directeur général de YellowRock, une société de négoce spécialisée dans les céréales et oléagineuses basée à Casablanca, c’était plus «un problème administratif interne». A l’en croire, «le gouvernement français ne pouvait pas autoriser une telle décision qui allait entraîner un important manque à gagner pour ces exportations qui contribuent grandement à l’augmentation de la balance commerciale du pays».

Pas d’impact sur le Maroc

D’après nos deux interlocuteurs, même si cette interdiction venait à être appliquée, elle n’aurait pas d’impact sur les importations marocaines puisque le Royaume n’exige pas la présence de phosphine sur les cargaisons en provenance de France. «Il n’y a aucune obligation réglementaire au Maroc de fumiger les céréales», indiquent-ils.

L’autre avantage, c’est que le Maroc peut également importer des céréales depuis d’autres pays. «Le Maroc diversifie ses importations. Les pays exportateurs sont choisis en fonction des disponibilités, des prix du blé et du coût du fret», rappelle Omar Yacoubi.

Rappelons que dans une circulaire datée du 8 mars 2023, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) a annoncé une modification de son régime de subvention à l’importation du blé, afin d’encourager les importateurs marocains à s’approvisionner dans les pays d’Europe de l’Est, comme la Russie, l’Ukraine, la Roumanie ou encore la Pologne. Une mesure qui permet ainsi au Maroc de diversifier ses circuits d’approvisionnement pour satisfaire ses besoins.

Par Lina Ibriz et Elimane Sembène
Le 12/04/2023 à 22h45