Blé: le Maroc modifie son régime de subvention pour encourager les importations depuis la mer Noire

Désormais, les subventions seront accordées aux importateurs si les cargaisons sont chargées, à partir du port de provenance, entre le 1er et le dernier jour du même mois, selon une circulaire de l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL). Une dérogation est toutefois prévue pour le mois de mars.

Le 10/03/2023 à 15h34

Le Maroc souhaite visiblement encourager les importations de blé depuis la mer Noire. Le Royaume vient en effet d’opérer un changement majeur dans son régime de subvention à l’importation de cette céréale, afin d’encourager les industriels marocains à s’approvisionner dans les pays d’Europe de l’Est.

Dans une circulaire datée du 8 mars, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) annonce que «la prime forfaitaire calculée pour un mois donné est appliquée aux importations dont le chargement, à partir du port de provenance, a eu lieu entre le 1er et le dernier jour du même mois». Alors qu’auparavant, les navires devaient arriver au Maroc avant la fin du mois. Toutefois, «les arrivages effectués à partir du 1er mars 2023 et dont le chargement a eu lieu avant cette date bénéficient de la prime forfaitaire du mois de mars 2023».

Accroître la concurrence

Selon un responsable au sein de l’institution, cité par l’agence Reuters, «cet amendement a été apporté aux conditions de la subvention afin d’encourager les importations en provenance de la région de la mer Noire, qui comprend la Russie et l’Ukraine». Cette modification «aura l’avantage d’accroître la concurrence sur un marché marocain des importations dominé par le blé de France et d’autres fournisseurs de l’Union européenne», a-t-il ajouté. Les importateurs marocains pourront ainsi acheminer des cargaisons depuis la Russie, l’Ukraine, ou encore la Roumanie, l’un des plus gros producteurs de cet «or brun».

Mais à en croire des négociants français, cités par l’agence britannique, pas de soucis à se faire. «Ce changement ne devrait pas avoir un impact immédiat et important, car l’ONICL a maintenu séparément un taux de subvention inférieur pour le blé russe et ukrainien par rapport aux importations d’autres origines, comme les approvisionnements de l’UE», déclarent-ils. L’ONICL a lancé le 1er mars un appel à manifestation d’intérêt pour arrêter la liste des participants aux appels d’offres pour l’approvisionnement du Royaume en céréales, légumineuses et produits dérivés, qui seront organisés du 1er juin 2023 au 31 mars 2024.

Anticipation pour approvisionner le marché

En attendant, l’office prend les devants pour garantir un approvisionnement normal des différents marchés. «Il a été convenu avec l’Association des fabricants d’aliments composés de l’abstention des unités de fabrication d’aliments composés d’acheter le blé tendre et le blé dur de production locale durant la période allant du mois de mars au mois de mai 2023», annonce-t-il dans un communiqué publié après une réunion avec ces fabricants les 20 et 28 février. «Il a été également convenu d’arrêter les conditions d’achat par les unités de fabrication des aliments composés des blés, dans le cadre d’une circulaire en cours de publication par l’ONICL», souligne l’Office.

Le Maroc mise sur les importations de blé pour combler la faible récolte lors de la campagne céréalière 2021-2022, à cause de la sécheresse, avec une production limitée à 34 millions de quintaux de céréales. Soit une baisse de 67% par rapport à la précédente campagne qui avait enregistré 103,2 millions de quintaux. Une régression qui a entrainé un problème d’approvisionnement dans les grands marchés. Pour la campagne en cours, les premières tendances devraient être connues vers mai-juin 2023. Et de ces données dépendront les besoins en importations du Royaume.

Par Elimane Sembène
Le 10/03/2023 à 15h34