Les derniers chiffres à l’export viennent confirmer les craintes des producteurs de fruits rouges: les volumes exportés ont considérablement diminué, plongeant la filière dans une situation inquiétante. «La concurrence accrue sur les marchés internationaux, combinée aux perturbations climatiques imprévisibles, a créé un cocktail explosif pour la filière», indique Amine Bennani, président de l’Association des producteurs des fruits rouges, dans une déclaration pour Le360.
«Les conséquences sont d’autant plus alarmantes lorsque l’on observe la baisse des volumes exportés en particulier pour les fraises et les myrtilles, qui étaient autrefois les fleurons de ce secteur», ajoute-t-il.
Un tableau sombre
Les derniers chiffres disponibles, arrêtés au 30 avril, peignent un tableau alarmant pour les exportations de fruits rouges. «La situation est des plus préoccupantes, avec une baisse généralisée et des chiffres qui ne laissent aucune place au doute. Dans la catégorie des fruits rouges frais, la situation est sombre. Les myrtilles, autrefois prisées, ont subi une chute de 13%, passant de 52.801 tonnes à 45.165 tonnes», détaille le professionnel.
Les fraises, autre fleuron de l’industrie, n’ont pas été épargnées. Elles ont enregistré une baisse de 15%, représentant un volume exporté de seulement 18.959 tonnes par rapport aux 22.300 tonnes de l’année précédente. Néanmoins, remarque Amine Bennani, «seules les exportations de framboises ont connu une hausse de 9%, atteignant 53.767 tonnes, mais cela ne suffit en aucun cas à compenser les pertes des producteurs en raison des prix de vente (environ 3 euros le kilogramme) qui étaient en dessous des coûts de production (4 à 4,5 euros le kilogramme)».
La situation est encore plus critique pour les fruits rouges transformés. «Les chiffres sont accablants: les exportations de myrtilles ont dégringolé de 79%, passant de 5.762,5 tonnes à 1.226 tonnes. Les fraises ont enregistré une chute catastrophique de 62%, avec 27.211 tonnes exportées contre 71.163 tonnes l’année précédente. Les framboises ont subi une baisse de 45%, avec un volume exporté de 8.925 tonnes contre 16.371 tonnes l’année précédente», fait savoir le président de l’Association des producteurs des fruits rouges.
Une baisse combinée de 28%
La situation est d’autant plus alarmante lorsque l’on combine les exportations en frais et les fruits rouges transformés. «Le total des exportations de fruits rouges a dégringolé de manière vertigineuse, passant de 218.904 tonnes à 157.616 tonnes, soit une baisse globale de 28%. Les producteurs de fruits rouges doivent affronter une véritable crise, avec des pertes considérables qui mettent en péril leur subsistance et l’avenir même de la filière», commente l’opérateur.
Ces difficultés ne se limitent pas à la production, des défis commerciaux majeurs sont également présents. «La demande a été dépassée par l’offre, en partie à cause de la récession économique en Europe et des perturbations géopolitiques. Le marché, déjà très prudent, a été fortement impacté. La situation est encore aggravée par la montée de la concurrence. Notamment, l’Égypte est devenue un acteur majeur sur le marché des produits surgelés.»
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Dans ce contexte difficile, le marché local a offert une lueur d’espoir pour les producteurs. Les fraises marocaines ont trouvé un écho favorable auprès des consommateurs nationaux, avec une part importante de la production destinée à la consommation intérieure. Les volumes qui n’ont pas été exportés vers l’Europe en tant que produits surgelés ont pu être écoulés sur le marché intérieur, permettant aux producteurs de limiter les pertes et de maintenir une certaine stabilité économique.
Alors que la saison des fruits rouges touche à sa fin, le secteur fait face à des défis majeurs. L’avenir des producteurs est plus incertain que jamais, laissant planer le doute sur le futur de cette filière jadis prospère.