Énergies renouvelables: les enjeux de l’accord entre le Maroc et l’Union européenne expliqués par Saïd Mouline

Saïd Mouline est le directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique.

Saïd Mouline est le directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique. . Said Bouchrit / Le360

Le 04/01/2023 à 19h22

VidéoA travers le Pacte vert qu’elle a signé en octobre en 2022 à Rabat en présence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, l’Union européenne a fait du Maroc son premier partenaire pour l’importation d'énergies renouvelables et d’oxygène vert.

«C’est le premier accord de l’UE avec un pays hors Europe, un partenariat mis en place grâce à la vision royale», a affirmé dans un entretien avec Le360 Saïd Mouline, directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) et éminent expert en transition énergétique.

«Aujourd’hui, on est dans une politique volontariste et la dernière réunion présidée par le roi Mohammed VI (en décembre 2022 avec le groupe OCP, Ndlr) témoigne qu’il faut davantage accélérer cette politique. Une démarche qui nous montre que nous sommes sur le chemin qui fera passer le Maroc de pays importateur d’énergie grise à un pays exportateur d’énergie verte, celle de demain», a expliqué Saïd Mouline. Il s’agit «d’une vision qui a permis cette ouverture afin que le Maroc puisse se déployer très rapidement dans le domaine de l’énergie verte».

Le Pacte vert, le premier du genre de par son importance avec l’Europe, démarrera en 2023, d’après lui. Pour Saïd Mouline, «le Maroc possède des solutions compétitives grâce à ses potentiels solaire et éolien pour non seulement réduire sa dépendance énergétique dans le futur, mais également pour produire des carburants de substitution, dont la demande à l'international va en s’accélérant».

Ce Pacte vert avec l’UE s’inscrit «dans cette stratégie qui permettra non seulement de réduire la dépendance énergétique et les émissions de carbone, mais d’assurer la souveraineté énergétique du Royaume», a estimé cet expert, avant de souligner que le Maroc «gagnera à tous les niveaux».

Ce Pacte passé avec l’UE cible la décarbonation de l’économie et sur ce point «nous avons le groupe OCP qui vise à s’ériger en acteur carbone neutre en 2040».

«Toutes les industries au Maroc sont concernées afin de réduire la facture énergétique, d’atteindre l’efficacité énergétique, car à travers ce moyen nous allons pouvoir avoir une industrie plus performante, plus compétitive puisqu'elle elle utilisera une ressource nationale».

Quant à l'OCP, a poursuivi Saïd Mouline, «au lieu d’importer l’ammoniac, le groupe pourra fabriquer de l’ammoniac vert à partir de l’hydrogène vert. Nous voyons aussi qu’il existe des possibilités pour tous les autres secteurs industriels comme la cimenterie, l’aéronautique, l’automobile sachant que l’Union européenne va imposer une taxe carbone aux frontières».

Le Maroc, selon cet expert, a donc des potentialités importantes pour répondre aux nombreuses demandes de l’UE et ce green deal s’inscrit totalement dans la politique volontariste voulue par le Souverain.

En outre, le spécialiste a évoqué l’expertise que le Maroc pourrait mettre au profit des pays africains. «Nous avons également des solutions à proposer à l’Afrique et cela a été démontré lors de la présidence par le roi Mohammed VI, à Marrakech, du Sommet des chefs d’Etat africains», pendant la COP 22. «Il est anormal qu’en 2023, la moitié de la population africaine n’ait pas encore accès à l’électricité », a regretté Saïd Mouline.

«Nous avons la chance que le prix du kilowatt issu des énergies renouvelables soit le moins cher. Nous voulons par ailleurs généraliser cette énergie sur les toits des édifices publics, car notre politique volontariste offre des moyens techniques et financiers adéquats dans le cadre d’un secteur privé national performant», a conclu le directeur général de l’AMEE.

Le 04/01/2023 à 19h22