Encours des financements, créances en souffrances... Le bilan de cinq ans d’activité, pour les banques participatives

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Cinq années après le lancement de l’écosystème participatif au Maroc, un premier bilan devient possible. L'activité a certes réussi à se développer rapidement, et su séduire un grand nombre de clients, mais, selon un récent rapport établi par un cabinet de conseil, quelques défis restent encore à relever pour sa pérennisation.

Le 21/12/2022 à 09h12

Lancé en 2017, l’écosystème participatif a réussi à répondre aux besoins financiers d'une large catégorie de la population. Dans un rapport récemment publié, le cabinet de conseil Fineopolis & Almaali a établi un bilan des cinq premières années d’activités de cette activité au Maroc.

Avec un total, au Maroc, de huit banques et fenêtres participatives, cet écosystème bancaire non-conventionnel est passé de 44 à 176 agences entre décembre 2017 et décembre 20211, ce qui représente une croissance moyenne annuelle de plus de 63%. La progression est notable mais demeure toutefois insuffisante comparativement à ce qui pourrait être une couverture raisonnable de l'ensemble du marché.

«Il faut dire que la persistance de la situation déficitaire des banques participatives, mais aussi la tendance de fermetures d’agences, observée chez les banques conventionnelles, ont fini par freiner l’élan et l’ambition des banques participatives», indiquent les auteurs de ce rapport.

Depuis leur lancement en 2017, l’encours des financements accordés par les banques participatives n’a cessé de progresser, pour atteindre un total de 21,5 milliards de dirhams à fin juin 2022. Il s'agit d'un taux de croissance moyen de 96%, entre juin 2018 et juin 2022.

A titre de comparaison, le crédit à l’économie octroyé par le secteur bancaire marocain, en dehors des banques participatives, n'a évolué que de 4% en moyenne annuelle sur la même période.

Les financements participatifs immobiliers concentrent au total 80% des crédits octroyés, immédiatement suivis des financements à l’équipement avec une part de 12%, et ceux de trésorerie et à la consommation (7 % du total des crédits octroyés).

Un taux de créances en souffrance, inférieur à celui des banques conventionnelles Au 30 juin 2022, les créances en souffrance totalisaient la somme de 70 millions de dirhams. Et entre juin 2021 et juin 2022, les créances en souffrance ont effectué un bond remarquable (+150%), ce qui traduit l’effet d'une généralisation progressive observée sur le marché, de la commercialisation de financements pour les entreprises et les professionnels, précise le rapport.

Néanmoins, ce taux reste bien inférieur à celui des banques conventionnelles: alors que sur toute l'ensemble de la période que couvre ce rapport, le taux de sinistralité s’établit à un niveau moyen (de l'ordre de 0,4%) pour les banques et fenêtres participatives, il est de 8,8% pour leurs concurrentes conventionnelles.

S’agissant des résultats, les banques participatives ont réalisé un résultat net global déficitaire (-65 millions de dirhams en juin 2022). Les plus grosses pertes ont été enregistrées entre juin 2019 et juin 2020, avec une perte globale de 207 millions de dirhams. Elles ont cependant commencé à résorber leurs pertes à partir de juin 2020, en passant d’une perte de 183 millions de dirhams à une perte de 65 millions de dirhams en juin 2022.

Selon les projections des analystes de Fineopolis & Almaali, cette activité bancaire non conventionnelle atteindrait son seuil de rentabilité vers la fin du 1er semestre 2023. Une situation qui permettra à ces banques et fenêtres participatives d’envisager plus sereinement de nouvelles stratégies de croissance, de même que d’entreprendre des actions allant dans le sens du développement de leurs activités, tout particulièrement sur l'aspect de l’extension de leur réseau.

Les auteurs de ce rapport expliquent aussi qu'au cours des années à venir, cette activité devrait s’orienter vers un étoffement de leurs offres en direction des entreprises, que ce soit en termes de produits de financement et de services bancaires (avals et cautions, crédit documentaire, Salam, Istisna’a, Ijara, trade, etc.) ou en termes d’accompagnement en «financements structurés charia» compliant ou en termes d’émissions de «Sukuk».

La gamme de produits pour les particuliers devrait quant à elle être élargie par le lancement de nouveaux produits, comme le «contrat Mourabaha» destiné aux Services de financement d'études, pour la santé et les voyages. Un produit qui devrait connaître un certain succès auprès des clientèles à la recherche de financements à la consommation compatibles avec la charia.

D’un autre côté, le développement des banques et fenêtres participatives dépend de la digitalisation de l’ensemble de leurs processus internes, afin de suivre le développement du marché, et de satisfaire les besoins des clients, expliquent enfin les auteurs de ce rapport. 

Par Safae Hadri
Le 21/12/2022 à 09h12