En marge de la visite d’État au Maroc du président français Emmanuel Macron, le groupe OCP a signé un accord avec l’énergéticien Engie. Outre le développement d’une capacité de production d’électricité issue de sources renouvelables, le deal prévoit également, entre autres, la création d’infrastructures électriques intra-sites reliées à ces nouvelles sources d’énergie renouvelable.
Dans un article paru ce lundi 18 novembre, Africa Intelligence affirmait que «le groupe OCP parie sur l’annulation pure et simple du projet de l’ONEE et veut y substituer le sien», et que le géant mondial des phosphates «va s’appuyer sur Engie afin d’évaluer la faisabilité de la ligne, qu’il espère finaliser d’ici à 2040, et dont les coûts sont estimés à 1 milliard d’euros».
Contactée par Le360, une source proche de ce dossier tient à préciser qu’il s’agit de deux projets totalement distincts, et qu’il n’a jamais été question que l’un se substitue à l’autre. D’une part, le projet de l’OCP consiste à construire une ligne haute tension en circuit fermé, destinée à transporter sa propre production pour répondre à ses propres besoins. D’autre part, l’autoroute électrique de l’ONEE est conçue pour accueillir plus de capacités renouvelables, destinées au réseau national et à la consommation qui se concentre dans le centre et le nord du pays.
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Comme nous l’avions annoncé en exclusivité, le vendredi 15 novembre, le projet d’autoroute électrique de l’ONEE a franchi une nouvelle étape vers sa concrétisation, suite à l’ouverture des plis relatifs au schéma EPC (Engineering, Procurement and Construction), l’une des deux approches envisagées pour la réalisation de la liaison électrique reliant le sud au centre du pays. Cinq grands opérateurs internationaux ont manifesté leur intérêt pour la construction de cette infrastructure hautement stratégique, longue de 1.400 kilomètres, qui devrait mobiliser un investissement de plus de 20 milliards de dirhams. Il s’agit de GE Vernova (États-Unis), Siemens Energy (Allemagne), Power China SEPCO1 (Chine), TBEA (Chine) et Larsen & Tourbo (Inde).
Le dépôt des dossiers de candidature relatifs au schéma BOOT (Build Own Operate Transfer), consacré au développement et au financement du projet, a quant à lui été repoussé au 23 décembre.
L’ONEE avait initialement opté pour un schéma unique, sous la forme d’un Appel à manifestation d’intérêt (AMI), dans lequel le candidat retenu sera en charge à la fois du développement, de la conception, du financement, de la construction, de l’exploitation et de la maintenance du projet. Cette configuration n’a malheureusement pas suscité l’intérêt des constructeurs de réseaux électriques, malgré de nombreux reports.
Interrogations sur le projet OCP-Engie
En plus du schéma initial de l’AMI, optant pour le choix d’un développeur qui finance le projet, un deuxième schéma a donc été introduit, privilégiant le choix distinct d’un constructeur «clé en main». L’ONEE aura ainsi entre les mains toutes les options pour choisir le schéma le plus optimal pour développer le projet, dans les meilleures conditions de coût, de financement, de qualité et de délais.
S’agissant enfin du projet du tandem OCP-Engie, plusieurs experts interrogés par Le360 n’hésitent pas à remettre en cause la viabilité de l’idée de construire une ligne électrique en circuit fermé pour alimenter les sites du géant mondial des engrais phosphatés. Théoriquement, argumentent-ils, l’idée paraît intéressante, mais d’un point de vue économique, un tel projet ne peut être optimisé sans une mutualisation des coûts de production et de stabilité du réseau électrique. Nous y reviendrons.