Au Marrakech Air Show 2024, le stand de l’entreprise marocaine Aerodrive Engineering Services (AES) a focalisé l’attention des visiteurs, curieux d’admirer son prototype de «Mavrick», premier drone kamikaze marocain fabriqué par la société fondée en 2017 par le marocain Soufiane Ammagui.
Rencontré sur les lieux par Le360 après sa participation à un panel sur la technologie des drones et ses perspectives dans le monde, le jeune ingénieur nous a fièrement présenté son innovation.
«Il s’agit d’une munition téléopérée qui dispose d’une autonomie de 90 minutes et d’une portée de 25 kilomètres, et qui peut porter une charge utile de 5 kilogrammes. Ce nouveau système, qui sera utilisé dans des opérations militaires critiques, entrera bientôt en phase test», détaille-t-il. D’après notre interlocuteur, ce drone kamikaze a été conçu par des talents marocains «sans aucune prise de licence étrangère» pour répondre aux besoins militaires du Maroc.
Ce nouveau système vient s’ajouter au catalogue d’innovations d’AES, fabricant du premier drone militaire 100% marocain «Atlas Istar», qui a réussi son premier vol test début octobre dernier, après plusieurs mois de tests rigoureux. «Nous avons conçu le premier drone militaire 100% marocain dénommé «Atlas Istar», un drone à voilure fixe avec décollage et atterrissage vertical, doté d’une motorisation hybride, disposant d’une autonomie et d’une portée importante».
«Cette technologie a été co-développée en partenariat avec des entités publiques marocaines pour permettre au Maroc de répondre à des enjeux sécuritaires», ajoute Soufiane Ammagui. À l’en croire, «60% du marché des drones concerne le secteur de la défense», ce qui l’a poussé, avec son équipe, à privilégier de concevoir ce premier aéronef made in Morocco.
Le prototype de Mavrick
, premier drone kamikaze 100% marocain fabriqué par l'entreprise Aerodrive Engineering Systems. AES
La particularité de cet appareil, destiné à des opérations militaires critiques, notamment des missions de surveillance et de renseignement, est qu’il peut décoller et atterrir à partir d’un bateau en mouvement. «Cela distingue notre drone de ceux disponibles aujourd’hui sur le marché et lui permet d’être très compétitif à l’échelle internationale», souligne-t-il.
Interrogé sur le coût de la conception de ce drone, le jeune ingénieur annonce un investissement de 4 millions de dirhams pour la fabrication du prototype, obtenu à travers une levée de fonds effectuée par son entreprise en 2021. Le 17 octobre dernier, son entreprise a obtenu un financement supplémentaire à travers une convention de financement avec le ministère de l’Industrie et la CGEM, dans le cadre du Fonds de soutien de l’innovation (FSI).
Produire 1.000 drones par an
«Ce soutien financier nous permettra de réaliser les travaux de recherche et développement (R&D) et de mettre en place une ligne de production de 1.000 drones chaque année. Aujourd’hui, 100% des drones qui sont utilisés au Maroc sont importés, parce que nous ne disposons pas de chaîne de production locale», précise le fondateur d’AES.
Selon lui, le projet nécessitera un investissement conséquent de dizaines de millions de dirhams. «Ces drones sortiront de notre future unité de production qui sera financée par un investisseur marocain. Outre la partie dédiée à la fabrication, au prototypage et à la production, cette unité disposera aussi d’une zone d’essais, qui sera une première au Maroc», annonce-t-il.
Lire aussi : Le Maroc dispose du deuxième plus grand arsenal de drones militaires en Afrique
La passion de Soufiane Ammagui pour les drones ne date pas d’aujourd’hui. Cet étudiant, qui fait partie de la première promotion de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) sortie en 2011, a attrapé ce virus dans les laboratoires de l’établissement supérieur de Benguérir.
«J’ai une passion particulière pour la robotique. J’avais fondé le club de la robotique à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) qui avait travaillé sur plusieurs projets relatifs aux drones, après avoir identifié un énorme besoin de ce système dans le secteur industriel», raconte-t-il. Son souhait: que d’autres initiatives similaires voient le jour au Maroc pour permettre au Royaume «d’avoir une souveraineté dans l’industrie des drones militaires».