«Nous sommes en train de boucler une phase de levée de 20 millions de dollars de fonds pour financer les essais cliniques», a fait savoir l’immunologiste Lbachir BenMohamed, dans une déclaration pour Le360. L’enfant de Tagant (30 kilomètres au nord de Guelmim) a vu sa notoriété exploser en février 2021, alors que la pandémie de Covid-19 battait son plein, grâce à son projet de vaccin universel, développé au sein de la prestigieuse Université de Californie à Irvine (UCI), où il dirige un laboratoire d’immunologie cellulaire et moléculaire. «Le projet est bien avancé», assure-t-il, ajoutant que l’évolution des travaux de son équipe de recherche fait l’objet d’un reporting régulier publié dans des revues scientifiques spécialisées.
L’immunologiste marocain reste fermement convaincu de la pertinence de l’idée d’un vaccin universel en mesure de combattre l’ensemble des variants du Covid-19 et qui pourrait protéger les personnes sur plusieurs années. «Le virus est toujours présent parmi nous. Pas moins de 1.500 décès liés directement à la Covid ont été recensés en janvier dernier aux États-Unis. Les sous-souches récentes d’Omicron se propagent à grande vitesse», affirme BenMohamed.
Cela dit, nuance notre interlocuteur, contrairement à la situation vécue en 2020 et 2021, ces nouvelles souches ne sont pas très pathogènes, comparées par exemple à la souche Delta qui avait tué des millions de personnes en 2021. Mieux encore, poursuit-il, «aujourd’hui, on connaît un peu plus le virus et il existe des médicaments antiviraux et anti-inflammatoires qui réduisent les symptômes et donc le risque de décès liés à la Covid-19».
Une étude coréalisée par Lbachir BenMohammed et Jeffrey B. Ulmer, immunologiste canado-américain (président de TechImmune LLC, structure créée pour mener les essais cliniques), s’est intéressée à l’évolution récente du virus, évoquant une diminution rapide de l’immunité induite par les vaccins actuels.
«La diminution de l’immunité au sein de la population a favorisé l’émergence de variants fortement mutés, dotés d’une pointe virale modifiée, et hautement contagieux. Ces variants, ainsi que leurs sous-variants, ont échappé à l’immunité induite par les vaccins actuels, perturbant l’efficacité du paradigme de rappel du vaccin contre le Covid-19 basé uniquement sur la pointe virale. Cette situation a dépassé le développement de vaccins adaptés aux variantes reposant uniquement sur la pointe», explique l’étude.
Depuis le début de l’année 2020, plus de 20 variants ont émergé, contribuant à une augmentation répétée de la morbidité et de la mortalité. Pour les deux auteurs de l’étude, «le Covid demeure une menace majeure pour la santé humaine, avec des taux élevés d’hospitalisations et de décès au cours des derniers mois. Actuellement, le Covid représente plus de 3% des décès aux États-Unis et a récemment dépassé 6.000 décès par mois».
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L’étude note aussi que plusieurs approches novatrices sont en cours de développement pour la conception de vaccins de nouvelle génération, présentant le potentiel de conférer une protection étendue et durable sur l’ensemble du spectre des souches de coronavirus. «D’un point de vue technique, étant donné l’accroissement de nos connaissances en virologie et en immunologie des coronavirus, ces avancées semblent réalisables», précisent les deux auteurs.
Et de conclure: «Pour que ces innovations puissent réellement faire la différence dans la lutte contre l’endémie actuelle et la prévention de futures épidémies, il sera impératif de garantir l’acceptation de ces nouveaux vaccins par la population générale et d’établir une fabrication locale durable, favorisant ainsi un accès équitable à l’échelle mondiale. Dans le cas contraire, le virus continuera de circuler, d’évoluer, et de causer une morbidité et une mortalité évitables».