«Nous refusons d’assister à une réunion qui ressemble plus à une chambre d’enregistrement qu’à un Conseil d’administration. La plupart des résolutions actées par ce conseil ne sont pas suivies et respectées par le gouvernement», explique Noureddine Soulaik, membre du secrétariat national de l’Union marocaine du travail (UMT) et membre du Conseil d’administration de la CNSS, joint par téléphone.
Représenté par 4 membres au sein dudit conseil, l’UMT n’est pas le seul syndicat à s’être retiré de la réunion du CA de la CNSS, ce mardi 6 octobre. C’est le cas également de la Confédération démocratique du travail (CDT), représentée par deux membres et aussi de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), représentée par un seul membre.
En revanche, le seul représentant de l’UNTM, bras syndical du PJD, n’a pas adhéré à ce mouvement de boycott, préférant rester aux côtés des autres membres du conseil, dont 8 représentants du gouvernement (le conseil est présidé par le ministre du Travail, Mohamed Amekraz) et 8 autres issus de la confédération patronale, la CGEM.
Contrairement aux syndicats, la CGEM, représentée par Chakib Alj (président), Mehdi Tazi (vice-président général) et Hicham Zouanat (président de la commission sociale), ne s’est pas retirée de la salle même si sa position converge avec celle des centrales syndicales.
«Nous avons voulu être constructifs. Il ne s’agit pas de se retirer. Nous voulons que ces points problématiques soient adressés correctement. Il y a un vrai sujet sur l’indépendance, les attributions et la souveraineté du Conseil d’administration de la CNSS», souligne Hicham Zouanat, contacté par Le360.
«Il y a des points de convergence avec les syndicats. Il importe de se concerter sur les raisons qui poussent le gouvernement à bloquer les résolutions du Conseil d’administration. Sinon, cela ne sert à rien de perdre des journées de travail avec plein de comités d’études préalables pour enfin se rendre compte que le Conseil ne fait que de la figuration», ajoute le représentant du patronat.
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Le360 a interrogé plusieurs membres du Conseil d’administration sur la nature de ces résolutions décrétées lors de précédentes réunions et qui n’ont pas été suivies ou respectées par le gouvernement. Ci-après une liste de mesures, qui est loin d’être exhaustive.
- L’augmentation du taux de remboursement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) de 70 à 80% ainsi que la mise à niveau de la tarification nationale de référence. Selon nos interlocuteurs, le ministère des Finances se serait opposé à l’implémentation de ces deux résolutions, arguant le souci de préserver l’équilibre du régime AMO, et ce malgré un excédent frôlant les 30 milliards de dirhams.
- La revalorisation des pensions de retraite;
- La revalorisation de la rémunération des dépôts de la CNSS placés auprès de la CDG;
- La titularisation des employés des polycliniques de la CNSS;
- La gestion déléguée des polycliniques de la CNSS (le gouvernement aurait préféré privatiser ces entités);
- Le renforcement des effectifs de la CNSS. Pour les syndicats et la CGEM, il n’est pas normal de maintenir les mêmes effectifs pour un établissement auquel l’Etat ne cesse de confier de nouvelles missions et pas n’importe lesquelles (travailleurs non-salariés, distribution des aides Covid-19 et bientôt le Ramed).