Pour la première fois, le ministre des Finances se prononce sur les raisons qui auraient empêché le gouvernement d'opter pour une loi de finances rectificative. En effet, les incertitudes qui pèsent sur la durée de la crise, ainsi que sur le comportement des économies partenaires, en termes de demande et d’investissement, rendent la tâche difficile au gouvernement. «Il n'est pas facile d'émettre des hypothèses dans le contexte actuel. Une loi de finances rectificative doit se baser sur des hypothèses réalistes et justifiées», a affirmé Benchaaboun.
Les scénarios étudiés à ce jour par l’exécutif ne permettent pas d’établir une loi de finances rectificative. Le gouvernement est contraint de prendre des décisions dans l’urgence. «Nous faisons de la microéconomie et non pas de la macroéconomie», a lancé Benchaaboun.
Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus le gouvernement, ce sont les avoirs en devises. Car il y va de la souveraineté de l’économie nationale, surtout avec la baisse attendue des recettes issues du tourisme, de l’export, des transferts MRE et des IDE. «Nous devons aller vers le financement étranger et établir des accords avec les institutions financières dans l’urgence», poursuit Benchaaboun.
Le Maroc a un solide atout à faire valoir sur ce plan, à savoir l’investment grade attribué par les agences internationales de notation, notamment Standard & Poor’s.
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L’argentier du royaume évoque aussi les possibilités de financement disponibles auprès du FMI (Ligne de précaution et de liquidité d’environ 3 milliards de dollars) et de la Banque mondiale (restrcturation d’un prêt de 275 millions signé en janvier et destiné à l’appui des politiques de développement pour la gestion des risques de catastrophe).
Par ailleurs, Benchaaboun affirme que le gouvernement n’a, à aucun moment, fait marche arrière quant à son projet de décret visant à suspendre certains engagements de dépenses ouverts au titre de la Loi de finances 2020.
«Il n’est pas logique de continuer à dépenser comme si de rien n’était. Nous ne revenons pas sur la décision du gel des dépenses. Il nous reste juste à savoir quelle formule choisir: décret, décret-loi, circulaire, etc.», a-t-il précisé.
Des coupes budgétaires seront inéluctables. Selon Benchaaboun, le gouvernement a convenu d’opérer une revue des dépenses au gré des priorités de chacun des départements ministériels, mais aussi en tenant compte des besoins pressants du pays, notamment dans les domaines de la santé et de la sécurité.