Coronavirus: les coupes budgétaires sont-elles inévitables?

Conseil de gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani.

Conseil de gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani. . DR

Rien à ce jour ne laisse prédire que le gouvernement va faire marche-arrière quant à son projet de décret visant à suspendre certains engagements de dépenses prévues par la loi de Finances 2020. Benchaaboun appelle à fixer les dépenses prioritaires à venir de l’Etat et des établissements publics.

Le 07/04/2020 à 11h12

Le conseil de gouvernement, réuni lundi à Rabat sous la présidence du chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a adopté le projet de décret-loi N° 2.20.320 relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs.

Présenté par le ministre de l'Economie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaaboun, ce projet de décret-loi vise à autoriser le gouvernement à dépasser le plafond des financements extérieurs fixé en vertu de l’article 43 de la loi de Finances 2020, indique un communiqué du ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sport, porte-parole du gouvernement, rendu public à l'issue du conseil.

Cette mesure vise à permettre au pays d'assurer ses besoins en devises notamment à travers le recours à l'emprunt sur le marché international, étant donné qu’un ensemble de secteurs, dont le tourisme, les investissements directs étrangers, les secteurs exportateurs et les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont été impactés, ajoute la même source.

Lors de la même réunion, le ministre de l'Économie a insisté sur la nécessité d’accélérer les paiements au profit des entreprises, notamment les TPE et les PME, en vue de leur permettre d'honorer leurs engagements financiers, de préserver les postes d’emploi et d'atténuer ainsi les répercussions sociales de la pandémie du coronavirus.

Par ailleurs, présentant un exposé sur le contexte économique international et national impacté par les répercussions négatives de la pandémie du coronavirus, Benchaâboun a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures urgentes pour limiter son impact à travers notamment l’orientation de la dépense publique vers les priorités aux niveaux sanitaire, social et économique.

Il a aussi abordé les mesures à prendre en vue d'une gestion idoine des dépenses publiques lors de cette période exceptionnelle en fixant les priorités au niveau des engagements des dépenses à venir de l’Etat et des établissements publics, ajoute la même source.

Le ministre a aussi passé en revue les mécanismes juridiques et organisationnels qui permettront de mettre en oeuvre ces mesures d’une manière urgente et avec l’efficience et l’efficacité nécessaires en vue de limiter les répercussions de la pandémie du coronavirus sur l’économie nationale et les équilibres financiers et extérieurs du royaume.

A la lecture du communiqué du conseil de gouvernement, on voit bien que le ministre des Finances n’a, à aucun moment, exclu la possibilité de suspendre certains engagements de dépenses ouverts au titre de la loi de Finances 2020 comme cela a été rapporté dans un projet de décret soumis au Secrétariat général du gouvernement (SGG).

Ledit projet de décret, tel que dévoilé le vendredi 3 avril, suscite une grande inquiétude auprès du secteur privé. «Un gel de la commande publique allait engendrer une mort certaine pour un grand nombre d’opérateurs économiques qui se trouvent dans une situation extrêmement difficile du fait de la crise du COVID-19. Nous sommes donc rassurés que les engagements des dépenses soient maintenus, que les paiements des arriérés de l’État soient activés et que les mesures prises soient en faveur de la préservation de notre tissu économique», a ainsi réagi le président de la CGEM, Chakib Alj, dans une déclaration hier aux médias, peu après la tenue de la réunion du conseil de gouvernement.

Par Ayoub Khattabi
Le 07/04/2020 à 11h12