Six variétés prometteuses de blé dur et d’orge ont été développées par le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) et l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Elles sont plus résistantes à la sécheresse, ce qui leur permet d’offrir un meilleur rendement tout en conservant d’importantes qualités nutritionnelles.
«Ces nouvelles variétés sont le fruit de plus de 10 ans de recherche, utilisant les ressources génétiques de grains ancestraux, collectés et conservés dans la Banque de gènes du Centre international de recherche agricole dans les zones arides à Rabat. L’objectif était de créer de nouvelles variétés plus capables de résister aux défis climatiques, tels que la sécheresse», explique à Le360 Faouzi Bekkaoui, directeur de l’INRA.
«La productivité de céréales de l’année dernière se chiffre à près 30 millions de quintaux, contre 100 millions un an auparavant, soit une baisse de 70% en raison de la sécheresse. Au sein de l’INRA, et en partenariat avec l’ICARDA, nous avons un programme d’amélioration pour développer des variétés, en particulier de céréales, qui sont plus résilientes à la sécheresse», explique le directeur de l’INRA.
L’INRA investit dans des programmes d’amélioration génétique
Et de poursuivre: «L’amélioration génétique demande de l’expertise, des semences de base, et du matériel génétique que l’on puise à travers notre banque de gènes et à travers notre partenariat avec l’ICARDA. On procède ainsi à des croisements au fur des années. Il s’agit d’un long processus qui peut aller jusqu’à 10 à 15 ans. Et c’est à travers ce processus que l’on sélectionne des plantes qui font preuve d’une plus grande résistance à la sécheresse».
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De son côté, Mouha Farahi, chef du Département d’amélioration génétique et de conservation des ressources génétiques à l’INRA, relève que ces nouvelles variétés ont été développées dans le cadre du projet DIIVA-PR, qui s’aligne sur la vision stratégique du plan Génération Green 2020-2030 du ministère de l’Agriculture.
Il rappelle que ce plan vise à atteindre une meilleure souveraineté alimentaire d’ici 2030 pour les cultures céréalières, notamment grâce au renforcement du secteur des semences certifiées afin d’offrir de meilleures variétés aux agriculteurs.
Des blés nommés «Nachit», «Jabal» et «Jawahir»
Les trois variétés de blé dur, et autant pour l’orge, développées dans le cadre de ce projet portent des noms pour le moins évocateurs. Il s’agit d’abord du blé dur «Nachit», variété dérivée d’un Farro (amidonnier) sauvage originaire de Syrie, caractérisée par des grains exceptionnellement larges et des racines très profondes permettant de collecter de l’eau dans les parties les plus profondes du sol. Très adaptée aux plateaux du nord du Maroc et aux zones irriguées de Béni Mellal, elle permet aux agriculteurs d’atteindre des rendements records dans les exploitations irriguées.
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La deuxième variété, nommée «Jabal», est une variété de blé très rustique dérivée d’une espèce sauvage nommée «herbe des chèvres» (égilope faux-épeautre), caractérisée par sa grande taille, qui assure une grande production de paille, de longs épis noirs et un système racinaire superficiel idéal pour les sols peu profonds des montagnes de l’Atlas et des régions du Sud.
Troisième de la liste, «Jawahir» est la variété de blé la plus performante en termes de rendement et de bonne couleur de semoule. Elle est aussi résistante à un dangereux insecte, la mouche de Hesse, et possède une très bonne tolérance à la sécheresse, grâce à des traits hérités de son ancêtre sauvage arménien (blé Zanduri).
Orge: des variétés adaptées à la nutrition humaine et animale
Dans la catégorie des orges, la première variété, baptisée «Chiffa», est autant adaptée à la nutrition humaine qu’au fourrage. Elle est aussi très tolérante à la sécheresse et a une bonne résistance à certaines maladies spécifiques.
Tout aussi adaptée à une consommation humaine ou animale, la variété «Assiya» se distingue par ses hauts rendements de récolte et par ses grains nus qui rendent leur battage bien plus facile.
«Khnata», troisième du lot, est caractérisée par un grain large et un épi de six rangs, très riche en carbohydrates. Elle offre en plus de hauts rendements en termes de récolte, ainsi qu’une production importante de paille pour le cheptel de bétail, même dans les zones les plus arides.