BMCI Leasing/DMV Transport: une affaire et des zones d’ombre

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Les choses s’accélèrent concernant le litige qui oppose BMCI Leasing et la société DMV Transport. Le procès au civil a débuté au tribunal de Casablanca en attendant la décision de la Cour de Cassation concernant un autre procès pour escroquerie. Plusieurs zones d’ombre subsistent.

Le 22/01/2016 à 18h31

Et si l’affaire BMCI Leasing/DMV Transport n’était pas un simple litige commercial et cachait un grand scandale à multiples facettes? Au vu de la multitude de rebondissements surtout depuis le début de cette semaine, la question trouve toute sa légitimité.

Ouvert lundi dernier devant le tribunal de première instance de Aïn Sebaâ, le procès au civil a été reporté au 10 février, le temps pour chaque partie de pouvoir préparer sa plaidoirie. Et le temps aussi pour les juges d’éplucher un rapport d’expertise qui regorge de surprises.

En début de semaine également, le ministère de l’Economie et des finances, à travers la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS), a ouvert une enquête pour savoir si oui ou non BMCI Leasing est coupable d’exercice illégal d’une activité réglementée (en l’occurrence le courtage en assurance). 

La DAPS, qui a auditionné le management de DMV Transport, a débarqué aujourd’hui à la compagnie Sanad et ne tardera pas à jeter les amarres chez BMCI Leasing. Au cas où cette enquête conclurait à un exercice illégal du métier de courtier en assurances, la filiale de la banque française risquerait gros puisque cela relève du pénal.

Et ce n’est pas tout. Le ministère de la Justice s’en mêle aussi. Lundi prochain, Mustapha Ramid a rendez-vous avec le patron de DMV Transport, a appris le360.

Des questions (toujours) sans réponses

Pour Le360, qui a révélé cette affaire, comme pour ceux qui suivent l’évolution de ce dossier, des zones d’ombre subsistent quant à ce que pourrait cacher ce qui était présenté à l’origine comme un simple litige commercial entre une banque et un de ses clients.

Pourquoi par exemple la filiale de la BMCI s’est débarrassée hâtivement des100 camions saisis chez DMV Transport pour les vendre à une seule personne qui s’est mise, juste après, à les revendre partout au Maroc. Rappelons que ces camions ont été cédés pour 7.5 millions DH (au lieu des 6.5 millions DH déclarés par BMCI Leasing) ? Pourquoi la banque a-t-elle refusé l’offre de DMV Transport de reprendre tout le lot pour 63 millions DH ?

Dans son rapport, l’expert mandaté par la justice pour évaluer les dégâts subis par DMV Transport arrête les sommes dues par la société à BMCI Leasing à 86 millions DH alors que la banque réclamait 198 millions DH. Pourquoi une telle différence ?

Et il y a un autre point qui suscite aussi des questions. Me Hassan Matar, Procureur général de Casablanca, dans son pourvoi en cassation du 4 janvier, a demandé le changement des juges qui ont décrété que le procès pour escroquerie tombait à l’eau pour prescription ? Et pourquoi le ministre de la Justice se saisit-il personnellement du dossier ?

Autant de questions auxquelles on aura sûrement une réponse dans les jours et semaines à venir.

Par Mohammed Boudarham
Le 22/01/2016 à 18h31