Deux millions de tonnes. C’est la quantité de blé tendre que le Maroc souhaite importer d’ici fin décembre 2023 pour combler le déficit de céréales causé par la sécheresse et surtout sécuriser son stock de céréales.
Pour encourager les négociants à s’approvisionner sur le marché international, l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) a annoncé, le 13 septembre dernier, la mise en place d’un nouveau système de restitution des importations de blé entre le 1er et le 31 décembre 2023.
En principe, le versement de ces primes forfaitaires devait s’achever à la fin septembre dernier, après l’achat de 2,5 millions de tonnes entre juillet et septembre. Mais ce volume n’a pu être atteint à cause de la flambée des cours mondiaux du blé, un scénario qui était redouté par les professionnels du secteur après la décision de la Russie de suspendre les exportations de blé depuis la mer Noire.
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«Nous n’avons pu importer cette quantité à cause des conditions très difficiles du marché, avec la montée en flèche des cours mondiaux du blé. Les prix sur le marché mondial étaient trop élevés par rapport aux montants de la restitution qui étaient alloués, des primes qui variaient entre 17 et 20 dirhams le quintal, en fonction des mois», explique Omar Yacoubi, président de la Fédération nationale des négociants en céréales et en légumineuses (FNCL), dans un entretien avec Le360.
60% de la quantité prévue importée entre juin et septembre
Concrètement, plus d’1,4 million de tonnes de blé ont débarqué dans les ports marocains entre le 1er juin et le 30 septembre derniers, d’après des chiffres de la FNCL consultés par nos soins. Il s’agit de près de 60% du volume prévu, et moins de 18% par rapport à la même période lors de la campagne 2022-2023.
La France conserve sa place de premier fournisseur du Royaume avec 891.967 tonnes, devant l’Allemagne (206.117 tonnes), la Roumanie (160.193 tonnes), la Lituanie (58.500 tonnes) et la Bulgarie (40.999 tonnes). La Pologne, la Russie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada ferment le top 10 des fournisseurs sur lesquels le Royaume devrait compter pour alimenter son stock au cours des trois prochains mois.
Source: Fédération nationale des négociants en céréales et en légumineuses (FNCL).
Retour des importations de blé russe
La grande nouveauté, c’est le retour de la Russie, premier exportateur mondial de blé, qui avait quitté le navire des fournisseurs du Maroc depuis le déclenchement de la guerre avec l’Ukraine le 24 février 2022. Notons que Moscou propose des prix jugés plus abordables par les négociants, comparés à ceux des autres exportateurs.
«Nous avons enregistré l’arrivée d’un bateau russe contenant 27.500 tonnes durant le mois de septembre. Nous espérons importer plus de blé russe et comptons diversifier davantage nos sources d’approvisionnement», révèle M. Yacoubi.
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Ce bateau russe est arrivé dans un contexte où plusieurs navires rechignent à accoster en mer Noire après les menaces de Vladimir Poutine, qui considère les bateaux accostant dans cette mer comme des navires de guerre. Une posture inquiète aussi les assureurs: «Nous rencontrons plusieurs difficultés à trouver des armateurs et des assureurs, mais les plus importantes sont celles relatives aux moyens de paiement. Les correspondances des banques marocaines basées en Europe et aux Etats-Unis éprouvent des difficultés à payer les bateaux russes qui arrivent au Maroc», confirme Omar Yacoubi.
Le président de la FNCL se veut néanmoins optimiste en dépit d’une conjoncture peu favorable sur le marché mondial. «Les cours restent relativement élevés au niveau mondial, ce qui ne facilite pas les importations massives de blé. On pourra importer une grande quantité sur les 2 millions de tonnes, voire plus, si les conditions du marché le permettent, sachant que le Maroc consomme 450.000 tonnes de blé par mois», soutient-il.