Analyse Loi de finances – EP18: une demande sur les titres souverains qui s’effrite

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Dans un contexte marqué par un besoin de liquidité, la demande sur les Bons du Trésor n’a cessé de reculer ces dernières années. D’autant plus que l’Etat oriente son offre sur le long terme et met la pression sur les taux d’intérêts.

Le 07/11/2020 à 11h31

Sans tenir compte du besoin résiduel de financement du budget de l'Etat, structurellement déficitaire, le Trésor devrait lever quelque 110 milliards de dirhams sur le marché domestique. 66,2 milliards sont prévus dans le Projet de loi de finances 2021 en tant que recettes d’emprunt, tandis que 42,3 milliards serviront à l’amortissement de la dette interne.

Les adjudications des Bons du Trésor sont l’instrument privilégié de l’argentier du Royaume pour trouver ces ressources financières. Ils sont souscrits par les banques, les organismes d’investissements ainsi que d’autres intermédiaires en valeur du Trésor et présentent cet avantage d’être négociables sur un marché secondaire.

En 2019, le volume global des émissions du Trésor sur le marché des adjudications s’est établi à 104,4 milliards dirhams en 2019, contre 115,1 milliards un an auparavant. Un repositionnement de la demande des investisseurs a été constaté au cours de cette période, marquée par un creusement du besoin de liquidité des banques qui dure depuis des années.

© Copyright : Rapport sur la dette publique - PLF2021

En 2019, la demande globale des investisseurs pour les titres souverains a renoué avec la hausse. Une croissance qui s’explique par l’absence d’opportunité d’investissement pour les opérateurs du marché, notamment en action et immobilier qui restent très peu liquides. Il y a eu aussi les anticipations, dès le début de l’année du recours du Trésor au marché financier international, qui ont poussé les investisseurs à se ruer vers le marché domestique pour implémenter rapidement leurs stratégies d’investissement.

Suite au repositionnement de la demande du marché sur les maturités à moyen et long terme, le Trésor a ajusté à la hausse ses levées sur les maturités à 5 ans et plus qui ont représenté 76% du volume global levé, contre seulement 47% en 2018. Et forcément les taux d’intérêts ont subi une pression avec une baisse du taux de rendement. Les maturités supérieures ou égales à 5 ans ont en effet subi un recul de 56,3 points de base (pb), en moyenne par rapport aux maturités inférieures ou égales à 2 ans (-12,9 pb).

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Par Amine El Kadiri
Le 07/11/2020 à 11h31