Il est 7 heures du matin et le marché de Had Soualem, commune de la province de Berrechid, grouille de vie. Les bêlements des moutons se mêlent aux voix des marchands qui haranguent la foule. Pourtant, cette année, l’excitation habituelle laisse place à une atmosphère tendue. Les clients, venus nombreux pour acquérir l’animal de sacrifice, peinent à cacher leur déception.
Dans les allées poussiéreuses du marché, les discussions vont bon train. Ahmed, un père de famille venu acheter son mouton, résume bien la situation: «Les prix sont élevés. L’année dernière, je pouvais encore acheter une bête pour 3.500 dirhams. Il faut débourser plus de 4.500 dirhams, au bas mot, cette année».
Du côté des éleveurs, la situation est tout aussi complexe. «Les prix sont élevés, mais je pense que chacun peut acheter selon ses moyens», assure un vendeur, qui propose toutefois des moutons en provenance de Ouled Saïd pour 4.700 dirhams… comme prix de gros.
Un autre éleveur, exposant des chèvres importées d’Espagne à des prix variant entre 2.700 et 3.250 dirhams, reconnaît que la flambée des prix est réelle, tout en tentant de l’expliquer. «Les coûts élevés de l’alimentation pour bétail se répercutent inévitablement sur les prix. Nous n’y pouvons rien. Résultat, les brebis sont à 2.500 dirhams, selon le poids et la race», argumente-t-il.
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Car à les en croire, les éleveurs sont contraints de resserrer leurs marges. «Le coût d’achat en gros est de 6.000 dirhams, et nous vendons à 6.800 dirhams. Les prix ont fortement augmenté, avec une hausse de 1.000 à 1.500 dirhams par tête par rapport à l’année dernière», rapporte un autre éleveur, qui a misé sur des moutons au gabarit généreux. Plus que les autres, il constate que «même s’il y a de l’affluence dans les marchés, les clients sont perplexes face à ces augmentations».
Pour sa part, un éleveur de la région d’Aguelmous, village au nord de Khénifra, explique cette hausse par plusieurs facteurs. «Les coûts des aliments pour bétail ont explosé. Le prix du foin et des céréales a flambé. Et puis, il y a la succession de plusieurs épisodes de sécheresse. Tout cela a forcément une influence sur le prix final», détaille-t-il.
Pour autant, les spéculateurs ne sont pas en reste. Profitant de la forte demande, certains intermédiaires n’hésitent pas à s’entendre pour faire monter les tarifs. «La demande est forte, les prix augmentent. C’est comme ça chaque année, mais cette fois, c’est encore plus marqué que les précédentes», regrette un éleveur, qui ne voit décidément pas d’un bon oeil ces manipulations des prix sur le marché.