Airbus n’en est pas à ses premiers pas au Maroc. Présent depuis plus de 70 ans, le géant aéronautique a patiemment bâti un ancrage solide dans le Royaume. Mais 2025 inaugure un nouveau chapitre de coopération. L’acquisition du site de Spirit AeroSystems à Nouaceur, annoncée en avril, et l’ouverture d’un bureau de représentation à Rabat attestent d’un engagement accru.
«Le Maroc est bien plus qu’un marché pour Airbus, c’est un partenaire stratégique essentiel. Nous renforçons nos capacités industrielles et nos partenariats, en capitalisant sur les talents et la vision de Sa Majesté. Le Royaume du Maroc est un pilier de notre développement global et de l’aviation de demain», résume d’emblée Gabriel Semelas, président Afrique et Moyen-Orient d’Airbus, dans une déclaration pour Le360. Avec plus de 1.000 emplois directs et près de 10.000 indirects déjà créés, le groupe entend élargir son empreinte industrielle au Maroc.
La zone de Nouaceur concentre désormais une grande partie des activités d’Airbus. Aux deux usines Airbus Atlantic s’ajoute l’intégration de Spirit AeroSystems, spécialisée dans des pièces stratégiques comme les bords d’attaque de voilure pour l’A220 ou les longerons de l’A321. «Notre ambition est claire: intégrer toujours davantage nos entités marocaines au cœur de la chaîne de production de nos aéronefs», explique le groupe.
Un atelier de production dans l'usine Airbus Atlantic Maroc Composites. (A. Et-Tahiry / Le360)
En parallèle, Airbus Helicopters développe un centre de support client au Maroc, avec l’ambition de le transformer en hub de maintenance, réparation et révision (MRO) pour l’Afrique de l’Ouest. Un centre de formation, doté de simulateurs, est également prévu, annonce-t-on.
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Le nouveau bureau de Rabat illustre l’importance de la relation entre Airbus et le Maroc. Comme l’explique bien Mickaël Bertrand, Airbus Country Representative for Morocco, cette présence institutionnelle est apparue comme une évidence, tant l’avionneur occupe une place centrale dans l’écosystème aérospatial du Royaume.
Représentant près de 70% de la filière locale, le groupe se devait d’accompagner au plus près ses partenaires, qu’il s’agisse des organismes de formation comme l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) et l’Institut spécialisé des métiers de l’aéronautique et la logistique aéroportuaire (ISMALA) ou des industriels réunis au sein du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS).
La formation, pilier du partenariat Airbus-Maroc
Avec l’IMA, Airbus a construit une relation de proximité de premier plan. L’institut propose des formations «sur-mesure», adaptées aux besoins du groupe. «Les cursus sont conçus avec une grande flexibilité, dans des délais très courts, et intègrent désormais des modules de soft skills pour préparer les jeunes aux réalités du monde industriel. Ce modèle, presque unique à l’échelle internationale, est devenu un atout majeur du Royaume et un levier essentiel pour Airbus dans la fidélisation des talents», signale Mickaël Bertrand.
Avec l’IMA et l’ISMALA, la réflexion est aujourd’hui engagée pour développer de nouveaux parcours liés à la maintenance et au volet hélicoptère. L’idée aujourd’hui est de créer un cursus complet, de la formation initiale à la qualification finale Airbus, pour former les techniciens aéronautiques spécialisés de demain, nous apprend l’Airbus Country Representative for Morocco.
Sept décennies d’ancrage industriel
Airbus ne cesse, par ailleurs, d’explorer de nouvelles opportunités. Le groupe collabore déjà avec plus de 100 fournisseurs, représentant une part importante de la filière aéronautique marocaine. D’ailleurs, plusieurs critères expliquent ce «choix stratégique en faveur du Maroc», note le groupe. Le premier est historique: le géant aéronautique est implanté ici depuis plus de sept décennies, «ce qui témoigne d’une relation de confiance et de stabilité».
Ensuite, l’industrie aéronautique marocaine a beaucoup progressé, avec des formations de qualité qui alimentent le secteur en compétences adaptées aux besoins de l’avionneur, comme expliqué par Mickaël Bertrand.
Le tissu de fournisseurs compétents, associé à un environnement des affaires favorable, est un autre facteur qui confirme la pertinence du choix du Maroc comme base stratégique pour Airbus. À cela s’ajoute la qualité de la main-d’œuvre marocaine, régulièrement saluée pour son expertise, son engagement et son savoir-faire. Autant d’atouts qui rendent vaine toute recherche d’alternative ailleurs.
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La vision royale positionne le Maroc comme une puissance aéronautique africaine en devenir, grâce à sa situation géographique et à des projets structurants.
Rappelons que le pays ambitionne de porter son trafic passagers de 30 à 60 millions d’ici 2030, puis à 95 millions en 2035. La Royal Air Maroc prévoit l’acquisition de 200 nouveaux appareils et l’aéroport Mohammed V de Casablanca doit tripler sa capacité pour atteindre 35 millions de passagers à l’horizon 2029. Avec une contribution actuelle de 8% au PIB et une croissance de 68% sur la dernière décennie, le secteur aérien national affiche un dynamisme incontestable, détaille le groupe.
L’implantation croissante d’Airbus au Maroc ne se limite donc pas aux usines et aux chiffres. Elle se mesure aussi à travers les emplois créés, la transmission de savoir-faire et la confiance accordée aux talents locaux. En consolidant ses positions à Nouaceur et en ouvrant de nouvelles perspectives à Rabat, le groupe fait du Royaume un pilier de son expansion. Ce choix, fondé sur la stabilité et l’expertise marocaine, ancre Airbus durablement dans l’écosystème aéronautique national.





