Parution du beau livre «Des chevaux et des hommes: l’art de la Tbourida au Maroc», œuvre de Fouad Laroui

Parution le 11 décembre du beau-livre "Des chevaux et des hommes. L'art de la Tbourida au Maroc", de Fouad Laroui, publié aux éditions Langages du Sud.

Parution le 11 décembre du beau-livre Des chevaux et des hommes. L'art de la Tbourida au Maroc, de Fouad Laroui, publié aux éditions Langages du Sud.

Fouad Laroui, célèbre auteur de romans, nouvelles et poésies, nous revient avec un beau livre dans les pages duquel se dévoile sa passion pour la t’bourida, cette tradition équestre ancestrale qui représente l’un des piliers du patrimoine immatériel marocain.

Le 11/12/2023 à 11h33

Ce lundi 11 décembre paraît en librairie le nouvel ouvrage de Fouad Laroui consacré à un sujet qui le passionne depuis son plus jeune âge, la t’bourida. Dans les pages de cet ouvrage d’exception, des calligraphies, des illustrations d’artistes et des images vivantes prises sur le vif par le photographe Yoriyas et le photoreporter Yassine Toumi fusionnent avec la plume de Fouad Laroui.

Réalisé en partenariat avec la SOREC (Société royale d’encouragement du cheval), cet ouvrage de la collection «Culture et Patrimoine», publié aux éditions Langages du sud, aborde les origines de cette tradition équestre marocaine et explore, pour le plus grand plaisir des amoureux de cette discipline, des thématiques telles que l’art de la guerre, les pratiques sociales et l’artisanat traditionnel qui font partie intégrante de la t’bourida.

«Des chevaux et des hommes: l’art de la Tbourida au Maroc» invite ainsi le lecteur dans les coulisses des épreuves de cette tradition équestre ancestrale, lui permettant de découvrir l’envers du décor de cette discipline. Sous la plume de Fouad Laroui et à travers la passion qui l’anime se révèlent et prennent vie la technique et le dressage, mais également la portée spirituelle, culturelle et historique de cet art équestre, qui représente un pan considérable de notre patrimoine immatériel. Entretien avec son auteur.

Comment l’idée de ce livre est-elle née?

La SOREC -qui, soit dit en passant, fait un travail formidable- souhaitait faire un beau livre pour mettre en valeur la t’bourida. Cette dernière est sans contexte un élément-clé de notre patrimoine matériel ET immatériel. Les Éditions Langages du Sud m’ont demandé si je voulais participer à leur proposition en écrivant le texte du livre, j’ai dit oui, et c’est leur proposition, après une rude compétition, qui a été retenue. Je me suis alors mis au travail. Et j’ai beaucoup travaillé, à vrai dire...

Quelle est votre histoire personnelle avec l’art de la Tbourida?

Enfant, j’allais chaque année au moussem de Moulay Abdallah puisque j’habitais avec ma famille à El Jadida. J’ai donc des souvenirs d’enfant liés à la t’bourida, un spectacle qui me fascinait et qui me faisait aussi un peu peur. Les chevaux sont, pour un petit garçon, des animaux imposants, impressionnants. J’aurais préféré des t’bourida avec des chats montés par des petites souris blanches, mais personne n’a jamais réussi à apprivoiser un chat.

Y a-t-il une anecdote en particulier qui vous vient à l’esprit, liée à cette discipline ou au monde équestre de façon plus générale?

Oui, un très mauvais souvenir. C’était à Asilah il y a fort longtemps. Je m’étais arrêté pour y passer la nuit, sur le chemin de l’Europe. Un petit panneau, à l’entrée, annonçait: ‘Fantasia à 20h.’ À l’heure dite, je me suis retrouvé sur le parking de l’hôtel. Quatre chevaux faméliques, efflanqués, sont alors apparus, montés par des bonshommes mélancoliques -tous des employés de l’hôtel. Ils ont galopé deux ou trois fois dans la diagonale du parking, environ trente mètres, en hurlant ouh-ouh-ouh comme les Indiens dans les westerns. Puis ils ont brandi des espèces de carabine -des 4/5, pour les spécialistes- et ont tiré de la grenaille vers les nuages. Les trois touristes allemands qui constituaient, avec moi, tout le public ont applaudi. J’étais furieux et mortifié. Ça n’avait rien à voir avec la beauté, la splendeur de la vraie t’bourida que je connaissais grâce au moussem de Moulay Abdallah. Ce jour-là, j’ai pris la décision de toujours défendre l’authenticité contre la folklorisation. C’est l’un de mes combats...

Pour quel axe de réflexion et pour quelle méthodologie avez-vous opté pour traiter de ce sujet?

D’un côté, une solide documentation et des interviews de m’qaddem et de spécialistes pour constituer l’ossature scientifique du livre. De l’autre, la recherche de la qualité littéraire pour que le lecteur, en plus de s’informer, éprouve un certain plaisir de lecture. J’espère y avoir réussi.

Que raconte cette pratique de nous autres Marocains?

Beaucoup de choses... La t’bourida est pour nous, d’une certaine façon, ce que l’art du samouraï est aux Japonais. Un art martial, c’est-à-dire lié à la guerre; l’expression de l’esprit chevaleresque; une forme mystique de religiosité... et beaucoup d’autres choses que vous apprendrez si vous me faites l’amitié de lire mon texte...

Quel avenir pour cette discipline et quelles seraient vous recommandations pour la préserver?

Grâce à la SOREC, la t’bourida renaît, retrouve ses aspects authentiques, se débarrasse de ses scories folklorisantes. Mais il faut rester vigilant. Cet art est la propriété de tous les Marocains. Il exprime une partie de ce que nous sommes. Nous n’avons pas le droit d’en faire une attraction pour touristes. Ce serait perdre notre âme.

«Des chevaux et des hommes: l’art de la Tbourida au Maroc», de Fouad Laroui. Photographies de Yorias et Yassine Toumi. Les Éditions Langages du Sud, collection «Culture et Patrimoine».

Par Zineb Ibnouzahir
Le 11/12/2023 à 11h33

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Je suis super excité de lire ce beau livre comme mentionné, j'appartiens à ce monde pour cette raison j'ai déjà souhaité que l'élite évoque ce patrimoine, et le rende accessible aux Marocains de différentes manières, pas uniquement l'aspect folklorique mais historique. le spirituel aussi,merci Fouad el aroui.

Le raïs se trouvait au devant de la troupe. Les chevaux foulaient allégrement le sol dans leur plus beau harnachement où se mêlait les couleurs rouge vif au jaune or. La marche majestueuse des chevaux n’avait d’égale que la fierté des hommes les chevauchant. La troupe se mit en ordre et à sa tête le raïs qui d’une main levait son fusil et de l’autre tenait les rênes de son cheval. Tous les cavaliers firent pareil. Ils avancèrent au trot et en ordre derrière leur raïs. On n'entendait plus que les ovations de la foule. C’est dans ce climat d’intenses émotions, sous les encouragements de la foule, que les cavaliers commencèrent leur course au galop vers leur destin. Un épais brouillard de poussière s’élevait alors dans le ciel et on entendait plus que les tirs des fusils au loin.

Cher Fouad Laroui Si mes parents étaient encore de ce monde, eux qui étaient originaires d’El Jadida et dont l’imaginaire était nourri par les fantasmes et comblé par les fulgurances jouissives de la Tbourida, ils seraient assurément fiers de votre « nouveau-né » dont le cri, apportant certainement une tonalité différente à votre bien riche cru, résonne probablement de ces salves qui couronnent d’épiques cavalcades soulevant autant de poussières que de passions et dont la célébration, en point d’orgue, sont ces youyous exaltés poussés par des femmes saluant leurs héros à la stature de centaures ! Je vais le lire et j’imagine déjà le sourire d’approbation de mes parents. Bon vent à ce nouvel ouvrage lequel, en matière de plaisir et de culture, nous promet une dose de…cheval !

Félicitations, cher Fouad. J'ai hâte de lire ton nouveau livre, dont le thème me passionne énormément, car moi aussi j'adorais la t'bourida dans mon enfance. Les Hyaynas, célèbre tribu à Tissa- village à quelques kilomètres de Fès sur la route menant à Taounat-venaient par moments donner de beaux spectacles à la place Oued Fès. Ils viennent toujours, mais sous de piètres apparences folkloriques qui à vrai dire me dégoûtent. Le rituel sans âme chevaleresque n'est que ruine de la t'bourida. Cessions donc de faire folklore qui nuit à notre pays, et renouons avec les vraies valeurs de la chevalerie, de la foutouwwa, car c'est en cela que consistait en fait la t'bourida. J'espère que ton livre sera l'occasion d'un large débat dans ce sens.

Bravo, monsieur Noureddine, c'est exactement ce que je pense. La t'bourida n'est pas un spectacle touristique, folklorique - même si les touristes sont les bienvenus, bien sûr. C'est une des expressions de l'âme de notre nation.

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