Mi Lalla, quand le chaâbi métal de Beetwenatna dénonce la sorcellerie

Mi Lalla, dernier morceau du groupe Betweenatna.

Avec Mi Lalla, le groupe Beetwenatna signe un clip en animation 3D inédit dans la scène musicale marocaine. Entre humour noir, chaâbi métal et satire sociale, les musiciens s’attaquent sans détour au fléau de la sorcellerie.

Le 18/08/2025 à 14h32

À peine mis en ligne, Mi Lalla, le tout dernier morceau du groupe Beetwenatna, a cumulé plus de 48.000 vues sur YouTube en seulement quatre jours. Cette œuvre musicale percutante, fruit d’une collaboration entre la formation et l’équipe d’Artcoustic, dirigée par Aali Rguige — ancien «metalleux» — plonge d’emblée le spectateur dans un univers où la sorcellerie est érigée en thème central.

Le clip, réalisé en animation 3D, épouse à merveille l’esthétique sarcastique défendue par le groupe. Les paroles, signées par le chanteur Oubiz (Mohammed Laâbidi de son vrai nom), s’attaquent sans détour à toutes celles — belle-mères, mères ou épouses — qui, au Maroc, n’hésitent pas à recourir à la sorcellerie pour parvenir à leurs fins. «L’objectif est de dénoncer ces rituels sordides qui subsistent au sein de la société marocaine. J’ai personnellement pris plaisir à travailler sur ce projet», confie Aali Rguige dans une déclaration pour Le360.

Neuf mois de travail et 30 personnes mobilisées ont été nécessaires pour donner vie à ce clip. «C’est la première fois, à ma connaissance, qu’un groupe de musique réalise son clip en animation. Nous sommes très satisfaits du résultat», explique Oubiz dans une interview qu’il nous a accordée. L’artiste, cofondateur du défunt groupe Darga et actuel membre de Hoba Hoba Spirit, souligne que les plateformes de streaming facilitent aujourd’hui la production et la diffusion de créations de cette envergure. «Il y a une vingtaine d’années, à la naissance de ce qu’on appelait la nouvelle scène musicale, il fallait produire la musique, la graver sur CD... Aujourd’hui, tout est plus simple.»

Ce partenariat avec Artcoustic a permis d’optimiser les ressources. «Un clip de ce style, nécessitant la même technicité qu’un court-métrage d’animation, coûterait en principe près de 700.000 dirhams», précise Ali Rguige.

Fidèles à leur univers déjanté où satire sociale et humour noir s’entremêlent, les musiciens de Beetwenatna promettent déjà à leurs fans un prochain morceau encore plus surprenant.

Par Qods Chabâa
Le 18/08/2025 à 14h32