Rendez-vous sur Instagram où Adil Faouzi, sur son compte «Murakuc», nous embarque dans une vraie machine à remonter le temps. Son flux est une véritable galerie photographique dévoilant un siècle (1900 à 2000) de l’histoire marocaine.
Ce jeune homme de 20 ans fait bien plus que partager des images d’époque, il les anime de la vie de la nation, en les accompagnant de descriptions en arabe et en anglais, mettant ainsi en lumière le patrimoine marocain, notamment juif, et démontrant l’unité, la coexistence et l’estime mutuelle qui ont façonné le Maroc.
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Le projet Murakuc, qu’il a lancé en février 2021, embrasse à bras ouverts la culture marocaine dans toute sa diversité, incluant l’héritage juif, qui est intrinsèquement ancré dans l’histoire nationale. L’émerveillement d’Adil pour ce patrimoine trouve ses racines dans son village natal, Talat N’Yaaqoub, une petite perle amazighe située à environ 100 km de Marrakech, là où la diversité culturelle est une danse de couleurs.
«Mon projet veut être un messager de l’unité, de la coexistence et de l’appréciation de notre héritage. Comprendre notre passé, reconnaître les multiples facettes qui font notre culture, et honorer l’histoire commune des communautés musulmanes et juives peut engendrer un sentiment profond d’unité nationale et de respect mutuel», explique Adil.
Le Maroc, l’un des rares pays arabes qui célèbre l’importance de la culture juive dans son identité, est vivement représenté à travers Murakuc. «Je fais face régulièrement à des critiques dues à des idées préconçues sur les Juifs dans certains milieux de la société marocaine. Néanmoins, mon compte aspire à révolutionner ces stéréotypes en dépeignant le riche tissu d’amitié et de coopération qui a historiquement uni les musulmans et les juifs au Maroc», ajoute-t-il.
Avec déjà plus de 2.500 visuels dévoilés sur Murakuc, Adil a encore de nombreux récits à partager. Son choix de se concentrer sur la période de 1900 à 2000 est loin d’être fortuit. «C’était une époque de changement radical pour le Maroc, ponctuée de résistance, d’indépendance, de mutation culturelle et de bouleversement social. Ces images tracent le récit d’un pays naviguant à travers le changement tout en restant fidèle à son identité, une narration que je m’efforce de partager continuellement à travers Murakuc», relate Adil.
La sélection des images pour Murakuc n’est pas non plus laissée au hasard. Chaque cliché est soigneusement choisi pour raconter une histoire, immortaliser un moment important, ou dépeindre un aspect unique de la vie marocaine. Qu’elles proviennent de collections personnelles, de contributions des followers, ou de plateformes telles que Getty Images, Alamy Images, les Archives diplomatiques françaises ou la Bibliothèque nationale d’Israël, chaque image contribue à enrichir le récit visuel que propose Murakuc.
Pour Adil Faouzi, ces visages du passé ne sont pas de simples réminiscences, ils sont un vibrant rappel que diversité et unité peuvent marcher main dans la main, et qu’ils sont en réalité les fondements même de notre société.
Un vendeur juif de beignets au Mellah de Marrakech en 1969.